mardi 1 novembre 2016

BEETLEJUICE, de Tim Burton (1988)


BEETLEJUICE est un film réalisé par Tim Burton.
Le scénario est écrit par Michael McDowell et Warren Skaaren, d'après une histoire de Michael McDowell, Larry Wilson et Tim Burton. La photographie est signée Thomas E. Ackerman. La musique est composée par Danny Elfman


Dans les rôles principaux, on trouve : Alec Baldwin (Adam Maitland), Geena Davis (Barbara Maitland), Michael Keaton (Beetlejuice), Winona Ryder (Lydia Deetz), Jeffrey Jones (Charles Deetz), Catherine O'Hara (Delia Deetz), Glenn Shadix (Otho), Sylvia Sidney (Juno), Robert Goulet (Maxie Dean).
Adam et Barbara Maitland
(Alec Baldwin et Geena Davis)

Jeunes mariés, Adam et Barbara Maitland vivent dans une grande maison sur les hauteurs d'un patelin du Connecticut. En y revenant après avoir fait quelques courses, Barbara veut éviter un chien sur la route et perd le contrôle de sa voiture qui échoue dans une rivière. Elle rentre à la maison avec Adam et ils comprennent qu'ils sont morts. Devenus des fantômes, ils sont condamnés à hanter leur demeure car s'ils en sortent, ils sont téléportés dans une dimension parallèle effrayante. 
La maison des Maitland

La maison est vendue à un riche couple de mondains new-yorkais, Charles et Delia Deetz, accompagné de la fille de Charles, une adolescente au style gothique, Lydia. Tandis qu'ils rédécorent l'intérieur, ce qui dégoûte les Maitland, Lydia est capable de voir les deux fantômes et cherchent, en vain, à entrer en contact avec eux. Adam et Barbara, munis d'un manuel à l'usage des jeunes décédés, demandent conseil à Juno, leur conseillère d'après-vie, pour se débarrasser des importuns mais elle leur explique qu'ils doivent se débrouiller eux-mêmes, avant d'être libérés de leur état au bout de 125 ans !
Lydia Deetz
(Winona Ryder)

Les Maitland tentent donc d'effrayer les Deetz, mais échouent lamentablement puisqu'ils restent invisibles pour eux. En revanche, ils se lient d'amitié avec Lydia, qui n'approuve pas non plus la manière de vivre de son père et sa belle-mère. Puisant des informations dans leur manuel, Adam et Barbara décident, malgré les mises en garde de Juno, d'invoquer Betlejuice, un "bio-exorciste", réputé excentrique et indigne de confiance, mais très efficace. Hélas ! les interventions de Beetlejuice convainquent les Deetz de transformer leur demeure en attraction touristique. 
Beetlejuice
(Michael Keaton)

Otho, l'assistant de Delia, s'empare du manuel des Maitland et s'instruit sur les phénomènes surnaturels à l'oeuvre dans cet endroit. Lors d'une séance de spiritisme, il convainc ainsi le patron de Charles que la maison est vraiment hantée et fait apparaître les Maitland... Qui commencent à se décomposer ! 
Charles et Delia Deetz
(Jeffrey Jones et Catherine O'Hara)

Lydia fait à son tour appel à Beetlejuice, qui consent à l'aider si elle l'épouse, ce qui lui permettra de réintégrer le monde des vivants. Elle accepte et il il sauve Adam et Barbara tout en malmenant les Deetz. Mais les Maitland, refusant le sacrifice consenti par Lydia, mettent un terme à son mariage avec Beetlejuice qui est entraîné dans la dimension parallèle.  
Adam, Lydia et Barbara

Les Maitland et les Deetz conviennent alors de cohabiter en paix, Lydia s'assagit et obtient son diplôme. Beetlejuice, lui, patiente dans la salle d'attente de l'après-vie. 

Le succès de son premier long métrage, Pee-Wee Big Adventure (1985), permet à Tim Burton de travailler sur le script d'une adaptation de Batman avec le scénariste Sam Hamm. Mais le studio Warner hésite à lui confier un projet aussi important et lui demande de soumettre un autre projet intermédiaire. C'est le producteur David Geffen qui initie Beetlejuice, d'après une idée de Michael McDowell, dont Burton a réalisé un épisode de la série Alfred Hitchcock présente.

La version initiale s'inscrit dans un registre horrifique et réaliste (l'accident de voiture est plus brutal, les Deetz sont attaqués de façon plus cruelle, Beetlejuice tente de les tuer et violente Lydia, qui est une enfant de 9 ans !). Larry Wilson remanie le récit mais Tim Burton désapprouve ses modifications et c'est un script-doctor, Warren Skaaren, qui signe le script définitif. Entretemps, la tonalité a beaucoup évolué : la comédie a pris le pas sur l'épouvante et des numéros musicaux ont été intégrés, Beetlejuice est désormais un troublemaker grossier et farfelu, Lydia une adolescente.

Pour incarner Beetlejuice, Burton espère d'abord convaincre Sammy Davis Jr., mais encore une fois c'est Geffen qui intercède pour recruter Michael Keaton : l'acteur épate le réalisateur, d'abord hésitant, lors de ses essais. Il faudra plus de persuasion pour convaincre Geena Davis (Barbara) et Catherine O'Hara (Delia) qui ne savent pas quoi penser du projet, tout comme les parents de Winona Ryder. En revanche, le cinéaste peut se réjouir qu'une des comédiennes favorites, Sylvia Sidney, accepte un rôle secondaire.

Avec un budget de 13 millions, dont un million consacré aux effets spéciaux, Burton veut toutefois donner à son film une esthétique évoquant les séries B de son enfance au look volontairement "artificiel et bon marché" C'est ainsi que sort donc cet curieux objet en 1988 : à l'époque, son réalisateur n'est pas du tout la vedette qu'on connaît aujourd'hui, mais ce coup d'essai va lancer sa carrière et l'associer définitivement à ce cinéma où l'horreur, le macabre, l'étrange deviennent visibles du grand public en étant parés des atours de la comédie. 

Etonnante réussite en vérité pour cet ex-animateur de chez Disney dont les directeurs artistiques trouvaient les dessins trop bizarres et angoissants ! En acceptant quelques compromis, Burton a su poser les bases de ce qui deviendra sa marque de fabrique, capable à la fois de diriger de grosses productions, d'obtenir des budgets importants et des les amortir, exprimant dans ses intrigues un discours sur le droit à la différence avec juste ce qu'il faut de subversion.

Pour le grand public, alors habitué à E.T., Big, Les Goonies et Willow, Beetlejuice était un choc sans égal, l'occasion d'un trip gothique, morbide et délirant, tout à fait atypique. Je l'ai découvert au ciné-club de mon lycée à l'époque et, pour nous tous, alors adolescents, ce fut une expérience inoubliable. Je tombais immédiatement amoureux de Winona Ryder (dont la carrière fut injustement torpillée après un dérisoire fait divers - surprise en train de voler quelques bijoux pour s'amuser - que le milieu hollywoodien lui fit payer très cher).

28 ans après, Beetlejuice apparaît comme un concentré très malin de ce qu'a produit Burton : le film reste très drôle, même si finalement le fameux "bio-exorciste" n'apparaît que tardivement et très peu (mais Keaton est tellement déchaîné qu'il vole la vedette aux palots Alec Baldwin et Geena Davis). L'aspect cheap des effets spéciaux a conservé sa magie naïve (et on constate alors que dans son dernier opus, Miss Peregrine et les enfants particuliers, le réalisateur a vraiment échoué à la re-convoquer).

A l'heure où les rumeurs d'une suite circulent avec de plus en plus d'insistance (Winona Ryder en a parlé dans divers talk-shows lors de la promotion de la série télé Stranger Things, et Burton n'a pas démenti même s'il insiste sur la nécessité d'avoir un scénario solide pour se lancer dans l'aventure), on ne peut s'empêcher d'être un peu inquiet - non pour l'honnêteté avec laquelle le cinéaste conduirait l'affaire, mais sur la possibilité de répéter ce petit miracle, de garder ce charme. 

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