mardi 20 septembre 2016

LA CARAVANE DE FEU, de Burt Kennedy (1967)


LA CARAVANE DE FEU (The War Wagon) est un film réalisé par Burt Kennedy.
Le scénario est écrit par Clair Huffaker, d'après son roman Badman. La photographie est signée William Clothier. La musique est composée par Dimitri Tiomkin.


Dans les rôles principaux, on trouve : John Wayne (Taw Jackson), Kirk Douglas (Lomax), Bruce Cabot (Frank Pierce), Howard Keel (Levi Bear), Robert Walker (Billy Hyatt), Keenan Wynn (Wes Fletcher), Valora Noland (Kate Fletcher). 
 Lomax et Taw Jackson
(Kirk Douglas et John Wayne)

Taw Jackson sort de prison en liberté conditionnelle après trois ans de détention. De retour dans sa ville de Emmett, il est bien résolu à récupérer ses biens - son ranch et ses terres - acquis pourtant légalement par Frank Pierce.
Lomax et Jackson

A défaut, il décide de se venger en attaquant le fourgon blindé dans lequel Pierce convoie la paie de ses mineurs. Pour l'aider dans cette entreprise, Jackson aborde Lomax, avec qui il a eu maille à partir autrefois, et lui offre un cinquième du magot, soit 100 000 $. Dans quatre jours en effet, Pierce transférera 500 000 $ à El Paso. 
Taw Jackson, Billy Hyatt, Lomax, Kate et Wes Fletcher, Levi Bear
(John Wayne, Robert Walker, Kirk Douglas, Valora Noland et Keenan Wynn, Howar Keel)

Lomax a une attitude ambiguë car Pierce lui a promis 10 000 $ pour tuer Jackson : une somme garantie contre la promesse de gagner dix fois plus dans un braquage. Il accompagne Jackson dans le recrutement de partenaires : l'indien Kiowa Levi Bear, qui convainc le chef Cheval Sauvage de les soutenir car Pierce chasse sa tribu de sa réserve ; Billy Hyatt, un jeune expert en explosifs porté sur la bouteille ; et Wes Fletcher, qui conduit une carriole avec sa femme Kate (qu'il a achetée et sur laquelle il veille jalousement).  
Lomax et Jackson

De retour à Emmett, Pierce offre cette fois 12 000 $ à LOmax pour le débarrasser de Jackson. Tandis qu'il gagne du temps en réfléchissant, Lomax assomme Hyatt, ivre, qui est sur le point au comptoir du saloon de révéler leur futur braquage. Jackson entre dans le bar et échappe à un duel avec Lomax devant Pierce grâce à Levi Bear qui provoque une bagarre. Dans la confusion qui suit, les partenaires s'échappent. 
Jackson, Lomax et Levi Bear
(John Wayne, Kirk Douglas et Howard Keel)

A la nuit tombée, tandis que Lomax et Hyatt volent de la nitroglycérine dans les dépendances du ranch de Pierce, ce dernier reçoit la visite de Jackson qui fait diversion en prétextant vouloir récupérer des effets personnels dans son ancienne chambre. 
Le lendemain matin, Levi Bear et Fletcher distribuent des fusils aux indiens. Taw et Billy disposent de la nitroglycérine sous le pont que traversera le fourgon blindé. Lomax piège un passage étroit plus loin. A Emmett, au même moment, Pierce et son impressionnante escorte quitte la ville à bord de son fourgon sur lequel a été monté une tourelle avec une mitraillette Gatling.
Jackson et Lomax

L'attaque a lieu en plusieurs temps : les indiens poursuivent le fourgon et retardent l'escorte qui est séparée du véhicule après qu'il ait passé le pont qui explose derrière lui, puis Jackson et Lomax décapitent la tourelle. Le fourgon chute dans un ravin et Pierce meurt.
Alors que la bande transfère le contenu du coffre, forcé par Lomax, dans la carriole de Fletcher, les indiens resurgissent et tuent Fletcher. Hyatt les disperse avec de la nitro mais l'explosion affole les chevaux. L'or en poudre dans les tonneaux se dispersent comme le constate, dépité et furieux, Lomax, qui se retire.
Mais Kate Fletcher avait eu le temps de cacher une partie du butin sous le siège du conducteur et Jackson distribue leurs parts à la veuve Fletcher, à Billy (qui part avec cette dernière) et Levi Bear. Lorsque Lomax revoit Taw, il a compris qu'il l'a doublé, mais Jackson lui promet de lui donner son dû dans six mois : jusque là, il devra veiller sur lui et être patient ! 

Antérieur à Un colt pour trois salopards qui était fortement influencé par le western italien, cet autre opus de Burt Kennedy s'inscrit dans une veine plus classique tout en empruntant au polar (l'intrigue pourrait facilement se dérouler dans le cadre du film noir).

C'est une oeuvre typique de ce faiseur habile qu'était Kennedy : son ambition est modeste mais le résultat est efficace, avec une mise en scène entièrement au service de l'histoire et des acteurs principaux. On retrouve aussi son goût pour un récit riche en péripéties, jusqu'au rebondissement final ironique.

Pour incarner ce projet, il a pu s'appuyer sur deux interprètes de choix, qui tournaient ensemble pour la troisième fois en trois ans, après Première victoire (Otto Preminger, 1965) et L'Ombre d'un géant (Otto Preminger, Melville Shavelson) : la complicité entre la bonhomie malicieuse de John Wayne (en vérité bien éloignée de son véritable caractère puisque l'acteur, très engagé à Droite, soutenait alors l'engagement américain au Vietnam) et le style sarcastique et bouillonnant de Kirk Douglas (qui, lui, était au contraire un Démocrate, ayant aidé de nombreux auteurs "blacklistés" durant la "chasse aux sorcières" anti-communiste) fonctionne parfaitement. Presque trop, pourrait-on dire, car l'ambiguïté du personnage de Lomax, hésitant longtemps entre la récompense promise par Pierce pour tuer Jackson et le magot espéré par le braquage, pouvait laisser espérer plus de tension et de coups tordus. Mais ne faisons pas trop la fine bouche.

En l'état, ce prototype de buddy movie est très plaisant, rondement mené (à peine 95 minutes), grâce au scénario malin de Clair Huffaker, qui a adapté lui-même un de ses romans, et qui avait déjà fourni de solides scripts pour Don Siegel (Les Rôdeurs de la plaine, 1960), Michael Curtiz (Les Comancheros, 1961) ou Gordon Douglas (Rio Conchos, 1964). 

Si le gang de Jackson demeure assez folklorique et les psychologies de ses recrues sommaires (on regrette par exemple l'absence de développement de Kate Fletcher, la seule femme de la bande, achetée par le frustre Wes mais aimée par Billy Hyatt, ou le peu crédible Levi Bear incarné par Howard Keel), il y a quand même un solide crescendo dans l'action, culminant dans l'attaque du fourgon grâce à plusieurs pièges intelligemment disposés et prouvant la supériorité de la débrouillardise de ces cowboys sur un équipement mécanique sophistiqué.

Western mineur mais plaisant, valant surtout pour ses deux stars, The War Wagon est un bon moment qui séduit d'abord par son humilité et son twist final qui semble nous dire qu'il faut l'apprécier avec une dose de dérision.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire