dimanche 4 septembre 2016

MISSION : IMPOSSIBLE 5 - ROGUE NATION, de Christopher McQuarrie (2015)


MISSION : IMPOSSIBLE - ROGUE NATION est le 5ème film adapté de la série télé créée par Bruce Geller (après le 1 en 1996, le 2 en 2000, le 3 en 2006 et le 4 en 2011), produite par J. J. Abrams, Bryan Burk, Tom Cruise et David Ellison.
Christopher McQuarrie signe la réalisation et co-écrit le scénario avec Drew Pearce. La direction artistique est assurée par Andrew Bennett, Matthew Gray et Paul Inglis, avec la photographie de Robert Elswit, et la musique de Joe Kramer (le thème principal reste celui composé par Lalo Schiffrin).

Dans les rôles principaux, on trouve : Tom Cruise (Ethan Hunt), Rebecca Ferguson (Ilsa Faust), Jeremy Renner (William Brandt), Ving Rhames (Luther Stickell), Alec Baldwin (Alan Hunley), Sean Harris (Solomon Lane), Simon McBurney (Atlee).
Ethan Hunt
(Tom Cruise)

L'agent Ethan Hunt intercepte avec l'aide de ses collègues Benjamin Dunn et William Brandt une cargaison de gaz toxique à bord d'un avion militaire, destinée à être vendue à un groupe terroriste, le Syndicat. 
Ethan Hunt

Hunt est capturé dans un magasin de disques vinyles qui sert de relais à l'agence de la Force Mission : Impossible (IMF). Lorsqu'il reprend connaissance, il est prisonnier du criminel Janik Vinter sur le point de le torturer. Mais parmi la bande de ce dernier se trouve une agent double, Ilsa Faust, qui permet à Hunt de s'échapper.
Les méthodes de l'IMF déplaisent en haut lieu : le directeur de la CIA, Alan Hunley, réclame devant une commission sénatoriale sa dissolution tandis que William Brandt essaie, en vain, de gagner du temps.
Quand il reprend contact avec Brandt, Hunt refuse d'abandonner son enquête et prend le maquis. Pendant plusieurs mois, il réussit à tenir la CIA à distance. Mais, pour cela et pour parvenir à trouver le chef du Syndicat, Hunt bénéficie de la complicité de Benjamin Dunn, qu'il attire à Vienne où il pense que le Chancelier autrichien risque d'être assassiné.
Benjamin Dunn
(Simon Pegg)

Durant l'opération, Hunt retrouve sur sa route Ilsa Faust mais ne peut éviter la mort du Chancelier dans l'explosion de sa voiture. Ilsa convainc Hunt de la relâcher en lui promettant de l'aider le moment venu.
Ilsa Faust
(Rebecca Ferguson)

Pour sauver Hunt et Dunn que la CIA a reçu l'ordre d'abattre pour trahison, Brandt obtient le renfort de Luther Stickell. Les deux fugitifs sont au Maroc où leur a donné rendez-vous Ilsa avec laquelle ils se préparent un fichier convoité par le Syndicat, qu'elle a infiltré, et protégé dans un centre de haute sécurité.
Le vol du fichier réussit mais Ilsa trahit Hunt et Dunn en s'en emparant et en prenant la fuite au cours d'une course-poursuite dans les rues de la ville et ses environs. A nouveau, elle réussit à semer tout le monde. 
Ethan Hunt

Mais Dunn a eu le temps de faire une copie du fichier et en découvre, avec Brandt, Stickell et Hunt, le contenu : il s'agit d'une "boîte rouge", qui ne peut être ouverte que par le Premier ministre anglais.
William Brandt et Luther Stickell
(Jeremy Renner et Ving Rhames)

Ilsa est déjà à Londres où elle rencontre Atlee, son supérieur, qui lui ordonne, au risque de sa vie, de remettre le fichier à Solomon Lane, le chef du Syndicat. Mais, tandis qu'il la menace de la livrer à la CIA si elle refuse, il copie le fichier en vidant la clé usb dans laquelle il est contenu. 
Acculée, la jeune femme obéit mais Lane découvre que le fichier a été vidé et lui conseille de le récupérer. Ilsa s'en remet à Hunt à qui elle donne rendez-vous dans une gare bondée pour lui proposer une alliance contre tous ceux qui les veulent morts (la CIA, Atlee, Lane). 
Durant leur discussion, alors qu'ils sont surveillés par Brandt, Stickell et Dunn, ce ce dernier est enlevé par Vinter dont Lane se sert contre Hunt : il lui rendra son ami vivant contre une copie du fichier.
Solomon Lane
(Sean Harris)

Hunt convainc avec difficulté Brandt et Stickell de l'aider à kidnapper le Premier ministre anglais. Mais Brandt contacte aussi discrètement Hunley pour l'informer du plan de Hunt. Hunley se rend à Londres où il prévient aussitôt Atlee de la menace.
Atlee et Hunley
(Simon McBurney et Alec Baldwin)

Le premier ministre anglais, qui participe à une vente aux enchères caritative, s'absente pour rejoindre Atlee et Hunley. Hunt a usurpé l'identité de Atlee, grâce à un masque, et administre un sérum de vérité au ministre auquel il extirpe les informations nécessaires à la lecture du fichier, qu'ouvre à distance Stickell : il recèle des informations sur les origines et le financement du Syndicat, lancé pour neutraliser les ennemis à l'intérieur et à l'extérieur des services de renseignements britanniques avant d'échapper au contrôle d'Atlee. 
Ces révélations bouleversent Hunley qui accepte de laisser Hunt et son équipe boucler leur mission, au terme de laquelle ils seront réhabilités.
Hunt appelle Lane et convient d'un endroit pour procéder à l'échange du fichier avec Dunn. Mais Lane veut se débarrasser de Hunt et ses acolytes. Une course-poursuite dans Londres la nuit, entre les hommes du Syndicat et leurs adversaires, tourne à l'avantage de ces derniers jusqu'à la capture de Lane.
Ilsa préfère s'en aller de son côté, tandis que de retour à Washington devant la commission sénatoriale, Hunley renonce, comme promis, à la dissolution de l'IMF.

Presque vingt ans après la première adaptation par Brian De Palma de la série télé créée par Bruce Geller, Mission : Impossible revient pour un cinquième film. Et il s'agit sans doute de l'épisode le plus réussi de la franchise, produite et interprétée par Tom Cruise.

Aux manettes, bien que Cruise ait, semble-t-il, voulu conserver Brad Bird (qui avait réalisé Mission : Impossible 4 - Protocole Fantôme en 2011), on trouve Christopher McQuarrie, un familier de la star puisqu'il l'avait déjà dirigé dans l'excellent Jack Reacher (conçu, là aussi, comme le premier volet d'une nouvelle franchise). Pour les cinéphiles, McQuarrie est aussi le scénariste du premier long métrage de Bryan Singer, Usual Suspects.

On retrouve dans le script de McQuarrie, co-écrit avec Drew Pearce, le goût qu'a celui-ci pour les intrigues touffues, les personnages ambivalents, et le grand spectacle intelligent. Il est en effet question de héros pris pour des criminels en cavale, aux prises avec une affaire compliquée, un ennemi qui a le plus souvent une longueur d'avance, et pris dans ce tourbillon un individu dont on se demande pendant longtemps pour quel camp il joue. Mais il y a aussi une volonté de produire un divertissement très efficace, mené sur un rythme infernal, dans des décors spectaculaires, et bien entendu une fin ouverte (Mission : Impossible 6 est déjà annoncé, et confirmé depuis le triomphe de ce cinquième volet - le plus gros succès de Tom Cruise au box office américain depuis La Guerre des Mondes, réalisé par Steven Spielberg en 2005 !).

L'histoire est d'une grande densité mais reste toujours lisible, même si le spectateur comprend l'intrigue à la même vitesse que le héros : l'effet est garanti, on découvre l'ampleur de la menace, la réalité des dangers, la nature réelle de certains personnages, au fur et à mesure. La tension est constante tout du long des 127 minutes du film, et le scénario alterne à la perfection les scènes d'exposition (où les dialogues entre les protagonistes explicitent les situations qu'ils ont traversées) et d'action (où le récit s'emballe et rebondit jusqu'à l'étape suivante de l'intrigue).

En démarrant le film par une scène déjà anthologique, où Hunt/Cruise s'accroche à la porte d'embarquement d'un avion militaire en train de décoller, on pouvait craindre que McQuarrie n'ait plus rien d'équivalent ou de plus fort à proposer ensuite. Mais Mission : Impossible 5 comporte un lot de morceaux de bravoure suffisamment impressionnant pour ne pas décevoir les amateurs de sensations fortes : une plongée en apnée dans le réservoir hydraulique d'une centrale électrique et surtout une ahurissante poursuite à moto au Maroc en attestent. La séquence à moto en particulier est bluffante, surtout en ayant à l'esprit que ni Cruise ni Rebecca Ferguson n'ont été doublés !

Il y a également de superbes scènes de combat, comme celle dans la salle de torture au début ou, celle, fantastique, à la fin, dans les rues de Londres la nuit, digne d'un film noir des années 50. C'est juste assez too much pour qu'on les apprécie sans souffrir de l'exagération inhérente au cinéma d'action à grand spectacle hollywoodien. Hunt est effectivement un super espion, quasiment indestructible (à peine boîte-il après ses plus folles gamelles, et peu de coups l'entame physiquement, sans parler de sa volonté de fer), mais si on accepte cet irréalisme fantaisiste, alors rien ne viendra entamer le plaisir de suivre ses invraisemblables péripéties.

La réalisation est donc très solide : McQuarrie ne fait pas preuve d'une originalité particulière dans ce domaine (on est loin des plans sophistiqués d'un De Palma, mais aussi des effets ridicules d'un John Woo), mais le cahier des charges est largement rempli. De toute manière, dans ce type de production, où la star contrôle tout, le cinéaste est en service commandé : il n'est pas question d'essayer d'imposer une vision particulière, seul le script peut autoriser quelques audaces (même si McQuarrie suggérait plus d'ironie dans Jack Reacher en flirtant avec la parodie). 

L'intégration des effets spéciaux est tellement aboutie qu'on ne les remarque même plus, et comme le spectateur un peu informé sait que les cascades de Tom Cruise sont effectués par lui-même, sans filet, on est saisi par ce délicieux frisson d'un cinéma à la fois très moderne (par la technicité de ses conditions de tournage) et "à l'ancienne" (tout n'est pas truqué en post-production grâce à la magie numérique).

L'argent est sur l'écran, mais pas que : la photo est soigné, le montage nerveux sans être haché. Le film nous fait voyager (Washington, Londres, Cuba, le Maroc...), offrant diverses ambiances, dans des décors bien exploités. Le tout sur une formidable bande sonore où Joe Kraemer rend plusieurs fois un bel hommage au score originel de Lalo Schiffrin.

Enfin, le casting est impeccable : dans des seconds rôles bien taillés, on retrouve avec plaisir Jeremy Renner (un temps annoncé comme le successeur de Cruise à la tête de la franchise, avant que les financiers ne constatent que la star était encore bankable) et Ving Rhames (seul autre personnage présent dans tous les épisodes). Alec Baldwin et Simon McBurney (qui jouait déjà une fripouille dans Magic in the moonlight de Woody Allen) sont épatants en patrons rigides de leurs officines d'espions. Sean Harris campe un méchant bien glaçant, avec une bien vilaine tronche. Quant à Simon Pegg, il revient après l'épisode précédent et une présence sensiblement augmentée, apportant la note d'humour indispensable.

Tom Cruise est toujours irréprochable : regard d'acier, mâchoire serrée, son charisme naturel s'est épaissi avec l'âge, donnant à la saga une perspective dans le temps très troublante, qui a vu Ethan Hunt passer du disciple trahi de Jim Phelps à la tête brûlé à l'amoureux obligé de sacrifier sa vie de couple et maintenant chef de bande. Les performances physiques qu'il livre à 53 ans sont scotchantes, il paie vraiment de sa personne pour cette franchise. Mais surtout il compose avec toujours beaucoup de sobriété, ce qui confère un équilibre avec les délires spectaculaires de l'intrigue.

La révélation de cet épisode est Rebecca Ferguson, qui est de très loin la meilleure "Hunt's girl" de la série. McQuarrie y a, c'est évident, porté une attention spéciale en souhaitant en faire l'égale du héros et pas seulement un faire-valoir de charme. L'actrice a une séduction fascinante, c'est certain, mais elle joue divinement bien cet agent double (et même triple) déterminé et livré à elle-même. Elle mériterait de revenir pour la prochain Mission (mais ça semble bien improbable hélas !).

Blockbuster efficace en diable, mais qui donne du grain à moudre au spectateur, cette Rogue Nation est un opus majeur dans sa catégorie, assurément le sommet de la collection. En opposant l'IMF à des dissidents des services secrets britanniques, le film adresse un clin d'oeil savoureux, presque un défi à l'espion le plus célèbre de sa Majesté. Mais James Bond aura fort à faire pour égaler et même dépasser le brio de cette 5ème Mission : Impossible.   

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