mardi 27 septembre 2016

LES QUATRE MALFRATS, de Peter Yates (1972)


LES QUATRE MALFRATS (The Hot Rock) est un film réalisé par Peter Yates.
Le scénario est écrit par William Goldman, d'après le roman Pierre qui brûle de Donald Westlake. La photographie est signée Ed Brown. La musique est composée par Quincy Jones.


Dans les rôles principaux, on trouve : Robert Redford (John Dortmunder), George Segal (Kelp), Ron Liebman (Stan Merch), Paul Sand (Allan Greenberg), Moses Gun (Docteur Amusa), Zero Moster (Abe Greenberg).
 La Pierre du Sahara

1972, New York City. Le cambrioleur John Dortmunder sort de prison. Il est attendu dehors par Kelp, un ancien complice qui s'est marié à sa soeur cadette, Clara, et travaille désormais comme serrurier. Mais ce n'est qu'une couverture car il a un coup à proposer à Dortmunder.
John Dortmunder, Kelp et le Docteur Amusa
(Robert Redford, George Segal et Moses Gun)

Présenté au Docteur Amusa, le représentant aux Nations Unies d'un petit pays africain, Dortmunder se voit confier la mission de récupérer "la Pierre du Sahara", un diamant actuellement exposé dans un musée. S'il réussit, il recevra, avec ses partenaires, 250 000 $, et le commanditaire leur versera 150 $ par semaine pour leur frais et leur fournira tout le matériel nécessaire à l'opération. 
Kelp et Dortmunder
(George Segal et Robert Redford)

Kelp présente Dortmunder à ses acolytes : Stan Merch, spécialiste en véhicules de tous genres, et Allan Greenberg, expert en explosifs - ce dernier suggère de revendre le diamant aux assureurs pour en tirer plus d'argent mais Kelp lui rappelle que s'ils font ça, le Dr. Amusa se vengerait.
Le vol du diamant au musée se déroule presque parfaitement : Stan fait diversion en feignant de perdre le contrôle de sa voiture qui percute l'entrée. Les gardiens sortent pour lui prêter secours, permettant à Dortmunder, Kelp et Allan de s'introduire dans le musée. Ils dérobent le diamant mais, après que Stan ait été évacué en ambulance, les gardiens surprennent les cambrioleurs et réussissent à appréhender Allan... Qui avale le diamant ! 
Le Dr. Amusa, Abe Greenberg, Dortmunder et Kelp
(Moses Gun, Zero Mostel, Robert Redford et George Segal)

L'avocat d'Allan qui n'est autre que son père, Abe, rencontre le Dr. Amusa, Dortmunder et Kelp pour leur remettre un plan de la prison où est retenu son fils.
Dortmunder et Kelp se glissent, de nuit, dans la cour de la prison puis dans les murs et gagnent l'infirmerie où Allan est conduit après avoir agressé son co-détenu. Ils ressortent pour rejoindre Stan qui les attend avec une voiture à bord de laquelle ils se cachent dans un camion, le temps que la police s'éloigne du quartier.  
John Dortumunder, Allan Greenberg, Kelp et Stan Merch
(Robert Redford, Paul Sand, George Segal et Ron Liebman)

Allan révèle alors qu'il a caché le diamant dans la cellule du poste de police où il a été placé en garde en vue avant son incarcération.
Stan atterrit en hélicoptère sue le toit du commissariat de la 9ème Rue et, pendant qu'il lâche dans la rue des bombes fumigènes, Dortmunder, Kelp et Allan s'introduisent dans le poste de police équipés de masques à gaz pour se protéger des lacrymogènes qu'ils y ont lancé. Une nouvelle déconvenue conclut leur expédition : le diamant n'est plus dans la cellule où fut enfermé Allan.
Dortmunder jure qu'il récupérera désormais ce caillou coûte que coûte et comprend alors que c'est Abe qui le détient puisqu'il est le seul autre homme à qui Allan a dit où il était. Menaçant l'avocat, il apprend qu'il a déposé le diamant dans un coffre de la First National City Bank. Mais le cambrioleur ne peut y accéder car la guichetière vérifie la signature de chaque dépositaire.  
Dortmunder

Grâce à une complice qui hypnotise le responsable de la salle des coffres au préalable, Dortmunder loue un casier dans la banque et peut ouvrir celui de Abe avec la clé qu'il lui a remis. Il y trouve enfin le diamant et sort de l'établissement avant que l'avocat et le Dr. Amusa, qui a entretemps congédié Kelp, STan et Allan, n'y arrivent.
John rejoint ses acolytes avec le caillou qu'ils vont pouvoir revendre aux assureurs pour être payés.
Les quatre malfrats

Sans doute parce qu'il estimait n'être pas un acteur de comédie, Robert Redford n'a jamais apprécié à sa juste valeur Les Quatre Malfrats, dans lequel il est pourtant excellent mais qui est un film jubilatoire. Il est donc temps de (re)donner envie de voir cet opus !

L'histoire est adapté du roman, traduit en français sous le titre Pierre qui brûle, de génial auteur Donald Westlake, dont l'oeuvre pléthorique compte notamment plusieurs titres consacrés à deux personnages de voleurs totalement opposés : d'un côté, sous le nom de plume de Richard Stark, il y a les aventures de Parker (immortalisé sur grand écran, notamment, par Lee Marvin dans Le Point de non-retour, en 1968 ; et en bande dessinée dans quatre fabuleux albums du regretté Darwyn Cooke), un criminel aussi efficace que violent ; de l'autre, il y a John Dortmunder, un monte-en-l'air aussi inventif que malchanceux (héros de quatre longs métrages en dehors de celui-ci : Blank Shot, de Gower Shampion, avec George C. Scott, en 1974 ; Jimmy le kid, de Gary Nelson, avec Paul Le Mat, en 82 ; Why me ?, de Gene Quintano, avec Christophe Lambert, en 90 ; et Escrocs, de Sam Wiesman, avec Martin Lawrence, en 2001). Mais The Hot Rock demeure la meilleure de ces adaptations.

La réussite doit beaucoup au scénariste William Goldman, qui écrivit déjà le script du mythique Butch Cassidy et le Kid (George Roy Hill, 1968) avec Redford : il a parfaitement compris et su transposé le style de Westlake dans cette aventure rocambolesque, où le suspense et la drôlerie se marient impeccablement. Il glisse même dans la première scène une référence au western de Hill dans le dialogue entre Dortmunder et le directeur de la prison basé sur un échange entre Cassidy et le gouverneur du Wyoming quand le bandit fut libéré !

Puis il a su respecter et animer les personnages : Dortmunder et son trac consécutif à sa déveine persistante (Redford est épatant en planificateur aussi doué que guignard), Kelp et sa susceptibilité (George Segal savoureux en filou insatiable), Greenberg et ses gaffes à répétition (Paul Sand lunaire en fils à papa stupide), et la vantardise de Merch (Ron Liebman - qui jouera plus tard le père de Rachel/Jennifer Aniston dans la série Friends - irrésistible en crâneur crétin). Sans oublier le numéro d'anthologie de Zero Mostel en avocat encore plus crapuleux que les quatre voleurs !

Ensuite, l'intrigue est à la fois solide et loufoque : le diamant ne cesse d'être volé puis perdu puis récupéré, conduisant les malfrats dans des endroits qu'ils fuient d'habitude (une prison, un commissariat). Le crescendo des rebondissements est irrésistible et la malchance qui poursuit les quatre braqueurs nous les rend sympathiques au point qu'on espère qu'ils finiront à la fois par retrouver le caillou et par ne pas être arrêtés par la police. Il faut signaler qu'en Angleterre, le film fut sous-titré Comment voler un diamant (en quatre leçons simples) et, effectivement, il y a quatre actes distincts (le musée, la prison, le poste de police, la banque).

Peter Yates, qui était devenu un cinéaste demandé depuis le succès de Bullitt (1968), met tout cela en scène avec la bonne distance ironique mais jamais condescendante et signe même quelques séquences mémorables (le vol de New York en hélico, où on peut voir le World Trade Center encore en construction). 

Malgré une bande originale décevante composée par Quincy Jones (hormis le thème d'ouverture), il est vraiment difficile de ne pas être diverti par ce polar aussi farfelu que trépidant : peut-être que Robert Redford devrait le re-visionner pour admettre qu'il a été trop sévère...

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