dimanche 19 mars 2017

LA MAIN AU COLLET, d'Alfred Hitchcock (1955)


LA MAIN AU COLLET (To Catch a Thief) est un film réalisé par Alfred Hitchcock.
Le scénario est écrit par John Michael Hayes, d'après le roman de David Dodge. La photographie est signée Robert Burks. La musique est composée par Lyn Murray.


Dans les rôles principaux, on trouve : Cary Grant (John Robie), Grace Kelly (Frances Stevens), Jessie Royce Landis (Mrs. Jessie Stevens), John Williams (H.H. Hughson), Brigitte Auber (Danielle Foussard), Charles Vanel (Bertani).
 John Robie
(Cary Grant)

Plusieurs vols de bijoux commis dans des palaces de la Côte d'Azur conduisent la police à suspecter John Robie dit "le Chat", ancien héros de la Résistance et cambrioleur, reconverti comme exploitant d'un vignoble et rosiériste.
Bertani
(Charles Vanel)

Robie fausse compagnie aux policiers et voit son ami Bertani, restaurateur à Monte-Carlo, dont tout le personnel est constitué d'anciens résistants. Ils soupçonnent également leur camarade d'avoir repris ses coupables activités car les vols sont commis avec la même technique qu'il employait.
Danielle Foussard et John Robie
(Brigitte Auber et Cary Grant)

John est conduit par Danielle Foussard, fille d'un de ses anciens compagnons d'armes, à Cannes. Il y rencontre, grâce à Bertani, H.H. Hughson, inspecteur pour la compagnie d'assurance Lloyds. John est résolu à démasquer l'auteur des cambriolages pour être disculpé et, pour cela, il convainc Hughson de lui remettre une liste de ses plus riches clients, susceptibles d'être de futures victimes. 
John Robie et H. H. Hughson
(Cary Grant et John Williams)

C'est ainsi qu'il est présenté à Mrs. Jessie Stevens et de sa ravissante fille, Frances. Celle-ci n'est pas insensible au charme de Robie qu'elle soupçonne, non sans excitation, d'être encore un voleur actif. Pour le confondre, elle l'invite à assister au feu d'artifices dans sa chambre en arborant une superbe parure, mais il affiche finalement plus d'attirance pour la jeune femme que pour son bijou.
 Frances Stevens et John Robie
(Grace Kelly et Cary Grant)

Pourtant, le lendemain matin, les bijoux de Mrs. Stevens ont été dérobés. John se défend de les avoir pris mais doit fuir quand elle appelle la police. La nuit suivante, il inspecte discrètement une villa figurant sur la liste que lui a remis Hughson lorsqu'il est agressé par un inconnu. Robie se défend et réussit à faire basculer son adversaire dans la mer.
Frances Stevens

Le lendemain, l'identité de l'ennemi de John est révélée à la presse par la police qui confirme qu'il s'agit du "Chat" : Foussard ! Robie sait que c'est une erreur car le mort était affligé d'une jambe de bois, rendant impossible ses déambulations nocturnes sur les toits des palaces où il aurait dépouillés ses victimes. Il convient donc, avec la complicité des Stevens et de Hughson, d'un piège.
Frances et John

Lors d'un bal costumé chez les Stanford, vêtu en rat d'hôtel, John surprend le voleur et le démasque lors d'une manoeuvre périlleuse mais en présence de la police : il s'agit de Danielle qui avoue avoir agi pour le compte de Bertani ! 
Innocenté, John est désormais libre d'aimer Frances qui lui annonce vouloir s'installer dans sa maison... Avec sa mère !

Pour leur troisième et ultime collaboration (bien que le "maître du suspense" lui proposera par la suite le premier rôle de Pas de Printemps pour Marnie, qu'elle refusera à regret, à cause d'obligations protocolaires relatifs à son rang de princesse), Alfred Hitchcock et Grace Kelly se retrouvèrent donc pour cette comédie policière, qui n'a pas bonne presse auprès de nombre de leurs admirateurs car ils la jugent trop légère et superficielle. C'est pourtant un divertissement jubilatoire, merveilleusement réalisé et interprété.

Le cinéaste, pressentant peut-être qu'il ne dirigerait peut-être plus sa muse, la filme avec une admiration évidente : jamais Grace Kelly n'aura été plus sexy, désirable, élégante et (surnaturellement) belle. Elle donne en outre à son personnage une force de séduction incomparable, à la fois insolente et irrésistible, magnifiée par les costumes, superbes, d'Edith Head et la photographie, solaire, de Robert Burks.

"Hitch" s'amuse aussi à suggérer que cette jeune femme a priori un peu guindée est sexuellement excitée par le frisson de l'aventure que lui procure sa proximité avec un voleur reconnu et traqué. Ainsi Frances Stevens embrasse-t-elle à pleine bouche John Robie quand il la raccompagne jusqu'à la porte de sa chambre le soir de leur première rencontre, puis elle le congédie aussitôt. Le lendemain elle l'interroge avec malice sur l'effet que lui a fait ce baiser fougueux et il tâche de dissimuler son trouble par une attitude amusée et un brin paternaliste, qui n'abuse personne (ni lui-même, ni la jeune femme, ni le spectateur). Deux scènes extraordinaires.  
"Le feu sous la glace."

A ce moment précis, Grace Kelly conduit, très vite, dans les virages sinueux surplombant la ville, là-même où la future princesse de Monaco trouvera la mort 27 ans plus tard. Puis s'ensuit un dialogue riches de sous-entendus, de doubles-sens (en se partageant les morceaux de poulet lors d'un pique-nique) : c'est un autre prélude au sommet érotique du film, qui a lieu lors d'une scène nocturne où Frances aguiche encore davantage John en assistant avec lui, depuis sa chambre, à un feu d'artifices, dont les explosions symbolisent (certes, peu subtilement) l'orgasme.
En 2008, la magazine "Vanity Fair" publia un portfolio-
hommage à Hitchcock dans lequel des acteurs contemporains 
rejouaient des scènes mythiques de ses films :
Gwyneth Paltrow et Robert Downey Jr. remplaçaient Grace Kelly et Cary Grant
dans ce remake photo de La Main au Collet.

Toute cette tension sensuelle est plus intéressante que l'intrigue proprement dite, même si l'argument du "whodunnit" (qui a commis les vols en imitant les méthodes du "Chat" ?) est efficace, grâce à la réalisation d'une fluidité admirable et son rythme impeccable.

Cary Grant bénéficie d'un rôle dense et équivoque (on doute longtemps de son innocence et sa désinvolture alimente nos soupçons), même si son personnage d'ex-résistant et gentleman cambrioleur repenti est peu réaliste. Le comédien s'amuse visiblement, avec sa classe et son auto-dérision coutumière. Les seconds rôles sont un peu sommairement développés mais qu'importe, l'essentiel est ailleurs.

Après son chef d'oeuvre, Fenêtre sur cour (1954), Hitchock avait sans doute envie de changer d'air et de registre, de s'éloigner des ambiances inquiétantes, et de surprendre avec To Catch a Thief : il ne faut pas bouder son plaisir et reconnaître la qualité de cette production, véritable ode à Grace Kelly au sujet de laquelle Cary Grant disait qu'"elle joue comme Johnny Weismuller nage ou Fred Astaire danse : avec elle, tout paraît facile.".  

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