dimanche 12 mars 2017

TAKE THIS WALTZ, de Sarah Polley (2011)

TAKE THIS WALTZ est un film écrit et réalisé par Sarah Polley.
La photographie est signée Luc Montpellier. La musique est composée par Jonathan Goldsmith.


Dans les rôles principaux, on trouve : Michelle Williams (Margot Rubin), Seth Rogen (Lou Rubin), Luke Kirby (Daniel), Sarah Silverman (Geraldine), Aaron Abrams (Aaron Rubin), Jennifer Podemski (Karen).
 Margot Rubin
(Michelle Williams)

Margot Rubin, 28 ans, aspire à devenir écrivain et, pour se documenter, part pour une excursion touristique. Elle assiste à une reconstitution inspirée de La Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne et, involontairement, attire sur elle l'attention d'un autre visiteur, Daniel. Elle le retrouve ensuite dans l'avion qui les ramène chez eux, à Toronto. 
Lou et Margot Rubin
(Seth Rogen et Michelle Williams)

A l'arrivée, ils découvrent qu'ils habitent dans le même quartier résidentiel : Daniel vient d'emménager dans la maison située en face de celle où vivent Margot et son mari, Lou, qui écrit des livres de cuisine. 
Margot et Daniel
(Michelle Williams et Luke Kirby)

Daniel, lui, peint à ses heures perdues mais se refuse à exposer car il redoute le jugement des critiques et du public. Pour payer ses factures, il exerce une profession originale en conduisant un pousse-pousse. Margot, troublée par son charme et son accessibilité, lui précise rapidement qu'elle est heureuse en couple depuis cinq ans, comme pour conjurer toute tentation d'infidélité.  
Margot et Lou

Margot et Lou sont très proches du frère de ce dernier, Aaron, et de son épouse, Geraldine, qui a souffert de problèmes d'alcoolisme et négligé à cause de cela son rôle de mère. Elle partage des activités diverses avec Margot qui lui sert de confidente et même de modèle, même si sa belle-soeur souhaiterait surtout avoir comme elle un enfant - un projet pour lequel Lou est moins pressé. 
Daniel et Margot

Daniel passe encore du temps avec Margot, qui le repousse pas. Elle l'invite même à lui révéler ce qu'il lui ferait si elle se donnait à lui et le jeune homme se livre à une confession qui la trouble énormément par sa franchise. Mais Margot refusera toujours de quitter Lou car elle ne veut pas le faire souffrir - quand bien même ce dernier a deviné la confusion des sentiments de son épouse. Il finira même par l'encourager à partir après que Daniel ait quitté sa maison et le quartier. 
Margot et Geraldine
(Michelle Williams et Sarah Silverman)

Margot rejoint Daniel et s'installe avec lui. Ils vivent d'abord une passion torride, après des mois de frustration, puis une existence conjugale épanouie. Elle ne revient auprès de Lou que lorsque Geraldine, ayant replongé dans la boisson, est arrêtée par la police, prévenue par son mari, alors qu'elle a laissé sa fille sans surveillance. Elle prédit à Margot qu'elle ne sera jamais pleinement heureuse en ayant quitté le seul homme qui l'aimait absolument.  
Margot et Daniel

On se demande d'abord, en découvrant Take This Waltz, pourquoi il n'a pas été exploité en salles en France : le cinquième long métrage de l'actrice Sarah Polley avait pourtant reçu des critiques élogieuses et un joli succès d'estime en Amérique, tout comme lorsqu'il a été découvert en DVD chez nous. Mais les distributeurs hexagonaux n'ont ps donné sa chance à cette comédie romantique plus fine que bien des productions du même genre plus formatées.

Sarah Polley a pourtant su renouveler le thème, pourtant éculé, du triangle amoureux dans cette love story où une jeune mariée est attirée par son séduisant voisin mais refuse de céder car elle ne veut pas faire souffrir son conjoint avec lequel elle a une relation épanouie. Mais Margot, malgré le bonheur qu'elle affiche, est vite déchiffrée par Daniel qui décèle en elle une "intranquillité" - et c'est cet état de fébrilité que réussit à saisir la cinéaste en filmant non pas cette romance de manière convenue mais en tardant à jeter ses amants dans les bras l'un de l'autre.

Le récit s'écoule donc sur un faux rythme, durant presque deux heures, sans qu'on trouve jamais le temps long, en nous prenant à témoin : le dilemme de Margot est remarquablement traduit, quoiqu'elle choisisse, quel que soit l'homme auprès de qui elle restera, elle perd autant qu'elle gagne. Tromper signifie-t-il, dès lors, se tromper, se leurrer ?

Ici, à l'image d'une des dernières séquences, en forme de (faux) plan-séquence par une caméra tourbillonnante, c'est la figure du cercle qui définit la vie à deux, mouvement définissant tout aussi bien la plénitude que la répétition - Margot reproduisant à l'identique les gestes, les attentions qu'elle avait pour Lou avec Daniel, comme une manière évidente de se rassurer.

Michelle Williams joue avec sensibilité et frémissement cette jeune femme dépassée par deux bonheurs d'égale intensité, taraudée par le désir de l'inconnu mais aussi par le confort de son quotidien. Elle s'accroche à son nounours de mari (campé par Seth Rogen, épatant dans ce registre), tout en valsant avec son beau voisin (Luke Kirby est parfait dans ce rôle qu'il incarne avec beaucoup de sobriété) - valse qui trouve sa plus belle expression dans la scène de la piscine où ils se tournent autour jusqu'à ce qu'il ose toucher sa cheville et qu'elle se dérobe, soudain affolée.

Ainsi est Margot, toujours entre deux élans : même grisée par des tours de manège, elle se laisse d'abord aller, rieuse, légère, heureuse, avant qu'un voile mélancolique, coupable, ne la freine. C'est pour ces qualités de sensibilité et de sensualité mêlées, la beauté radieuse de son actrice, que Take this waltz échappe à toute mièvrerie et évoque finalement un songe délicat.

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