mardi 7 mars 2017

NOCTURNAL ANIMALS, de Tom Ford (2016)


NOCTURNAL ANIMALS est un film écrit et réalisé par Tom Ford, d'après le roman Tony et Susan de Austin Wright.
La photographie est signée Seamus McGarvey. La musique est composée par Abel Korzeniowski.


Dans les rôles principaux, on trouve : Amy Adams (Susan Morrow), Jake Gyllenhaal (Edward Sheffield/Tony Hastings), Michael Shannon (inspecteur Bobby Andes), Aaron Taylor-Johnson (Ray Marcus), Isla Fisher (Laura Hastings), Armie Hammer (Hutton Morrow), Laura Linney (Anne Sutton), Ellie Bamber (India Hastings/Morrow), Michael Sheen (Carlos), Andrea Riseborough (Alessia).
 Susan Morrow
(Amy Adams)

Epouse de Hutton Morrow, un homme d'affaires qui la trompe à chacun de ses déplacements professionnels, Susan tient une galerie d'art contemporain lorsqu'elle reçoit le manuscrit rédigé par son ex-compagnon, Edward Sheffield, qui le lui a dédié.
 Edward Sheffield/Tony Hastings
(Jake Gyllenhaal)

Le document est un roman intitulé Nocturnal Animals et raconte comment Tony Hastings (le double de fiction d'Edward), pris à parti sur une route du Texas par trois voyous - Ray Marcus, Lou et Turk - , assiste à l'enlèvement de sa femme, Laura, et de leur fille, India. 
Ray Marcus
(Aaron Taylor-Johnson)

Tony prévient la police et l'enquête est confiée à l'inspecteur Bobby Andes. Peu après, les corps de Laura et India sont retrouvés dans une cabane abandonnée où elles ont été violées et assassinées. Mais Andes promet à Tony de retrouver les coupables et de les faire condamner.  
L'inspecteur Bobby Andes
 (Michael Shannon)

Un an plus tard, Andes rappelle Tony pour l'informer de l'arrestation de Turk (tué à cette occasion) et Lou. Celui-ci accepte de les mener jusqu'à Ray Marcus mais le procureur décide de le laisser en liberté conditionnelle. Avec Tony, Andes choisit de le traquer, l'inspecteur n'ayant plus rien à perdre car il est atteint d'un cancer des poumons.  
Susan

Après avoir intimidé Lou et Ray, Ades abat le premier lorsqu'il tente de prendre la fuite. Tony se lance à la poursuite de Ray et le débusque dans la cabane abandonnée où sont mortes sa femme et sa fille. Il abat le voyou qui le blesse avant de succomber. Tony périt dans le désert. 
Tony/Edward

Bouleversée par la noirceur et l'intensité du roman (parce qu'il s'inspire de faits réels ?), Susan contacte Edward pour qu'ils se revoient autour d'un verre. En se préparant, elle se remémore leur passé commun, depuis le début de leur romance jusqu'à leur rupture en passant par la liaison de Susan avec Hutton Morrow et l'avortement qu'elle a subi de l'enfant qu'elle attendait de Edward.
Susan

Susan attendra en vain Edward au restaurant où elle lui avait donné rendez-vous, devinant qu'il achève ainsi sa vengeance contre elle.

Après un premier film (A Simple Man, 2010) remarqué et salué, le styliste de mode Tom Ford a pris le temps de mûrir son nouvel opus et livre un audacieux mélange de polar et de portrait de femme sur fond de vengeance(s). Un pari, hélas ! inabouti.

Si, dans un premier temps, l'esthétisme du projet épate, évoquant même les visions cauchemardesques d'un David Lynch et représentant le monde l'art contemporain avec acidité (peuplé de mondains maniérés et névrosés), la caricature rattrape vite l'ambition du cinéaste. Mais la démarche mérite qu'on s'accroche car le récit bifurque avec la découverte par l'héroïne du roman que lui adresse son ex, une série noire située dans un coin perdu du Texas aussi crasseux, glauque et violent que le microcosme dans lequel elle évolue est glacé, aseptisé et désincarné. On se dit alors que le film démarre vraiment en suggérant une mise en abyme sur un drame partagé par Susan et Edward.

Cette narration parallèle (le quotidien morne de Susan et la mésaventure sordide de son Tony, le double fictif d'Edward) est développée de manière finalement plus roublarde que subtil, ne reculant plus devant des effets racoleurs et des situations bourrées de clichés : l'infortune de Susan, trompée par son mari, mal à l'aise dans son job car n'ayant jamais pu s'épanouir comme artiste, dévastée par ce qu'elle lit, et le calvaire de Edward/Tony, hanté par sa lâcheté autant qu'il est mû par son désir de se venger, sont traités à grand renfort d'ellipses et d'effets de montage maladroits (pour figurer la balance entre la "vraie vie" et le roman, le présent et le passé).

Des éléments sont alors sacrifiés (de qui India Hastings/Morrow est-elle finalement la fille ?), les seconds rôles sont caractérisés à gros traits (le flic cancéreux qui se fait justicier et entraîne Tony dans une expédition punitive et suicidaire, campé par un Michael Shannon épouvantablement cabot), le(s) dénoument(s) expédié(s) (aussi bien dans le roman que pour les retrouvailles attendues entre Susan et Edward). Un sentiment de gâchis domine et le vertige espéré aboutit à un pétard mouillé, plus précieux que perturbant.

Le film laisse jusqu'au bout espérer l'éclosion d'une émotion troublante, à l'image de cette scène simple et belle où Susan outrageusement fardée pour retrouver Edward se démaquille mais ne renonce pas à sa robe plus vulgaire que sexy - ce choix résume tout le (mauvais) goût de Ford, préférant filmer son histoire comme une pub pour une marque de luxe, alors même qu'il est capable de produire des moments naturels et touchants (les flash-backs sur les débuts du couple).

Dommage pour le casting, impressionnant (Amy Adams encore une fois exceptionnelle de tension rentrée, et Jake Gyllenhaal formidable en auteur anxieux et en mari brisé), et pour le spectateur, frustré d'avoir été appâté par la promesse d'un film noir trop clinquant pour être honnête.

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