dimanche 5 mars 2017

ALLIES, de Robert Zemeckis (2016)


ALLIES (Allied) est un film réalisé par Robert Zemeckis.
Le scénario est écrit par Steven Knight. La photographie est signée Don Burgess. La musique est composée par Alan Silvestri.


Dans les rôles principaux, on trouve : Brad Pitt (Max Vatan), Marion Cotillard (Marianne Beauséjour), Jared Harris (Frank Heslop), Lizzy Caplan (Bridget Vatan), Thierry Frémont (Paul Delamare), Matthew Goode (Guy Sangster), Simon McBurney (l'officier des SOE).
 Marianne Beauséjour et Max Vatan
(Marion Cotillard et Brad Pitt)

1942. Casablanca. Max Vatan officier du renseignement canadien, rencontre Marianne Beauséjour, résistante française, avec qui il doit faire équipe pour assassiner l'ambassadeur d'Allemagne au Maroc. Comme il doit jouer le rôle de son mari, français, elle l'apprend à améliorer son accent tandis qu'il l'aide à perfectionner son maniement des armes.
Max et Marianne

Sachant aussi qu'il y a peu de chances qu'ils sortent indemnes tous deux de cette mission, ils cèdent à leur attirance physique réciproque et deviennent amants. Marianne obtient d'un officier nazi deux invitations pour la réception donnée par l'ambasseur allemand. L'attentat se déroule parfaitement et Max convainc sa partenaire de rentrer à Londres avec lui pour l'épouser. 
Max Vatan et Frank Heslop
(Brad Pitt et Jared Harris)

1943. Londres. Parents d'une petite fille, Anna, les Vatan se sont installés dans la banlieue de Hamstead. Marianne reste au foyer tandis que Max continue d'être actif au sein des services du renseignement britannique. Son supérieur et ami Frank Heslop lui laisse entendre qu'une promotion lui est promise.
L'officier des SOE
(Simon McBurney)

Mais lors de l'entretien avec l'officier des SOE (Special Operations Executive), Max découvre que sa hiérarchie soupçonne Marianne d'être une usurpatrice, espionnant les anglais pour le compte des nazis. Pour vérifier cette hypothèse, Max doit tendre un piège à son épouse en prenant note d'une fausse information qu'elle est susceptible de communiquer à ses complices. 
Marianne

Toutefois, Max est résolu à innocenter Marianne : il rend visite à son ami Guy Sangster, sauvé par Marianne à Dieppe. Mais, blessé, celui-ci ne peut la reconnaître formellement sur une photo car il est devenu quasiment aveugle. En revanche, il renvoie Max à un résistant français en Normandie, Paul Delamare, qui faisait aussi partie de la mission à Dieppe.
Max

Max s'envole pour la Normandie et réussit à entrer en contact avec Delamare, détenu par la police française collaborationniste. Ivre, il ne peut lui non plus affirmer que Marianne est bien la femme sur la photo que lui montre Max mais il lui indique qu'elle savait jouer du piano. De retour à Londres, Max entraîne Marianne dans un pub où il lui demande de s'installer devant l'instrument : elle avoue alors avoir effectivement volé l'identité de la résistante, sous la contrainte d'un réseau nazi qui menaçait leur fille.
Marianne et Max

Convaincu qu'elle l'a vraiment aimé, Max conduit Marianne à la base où il veut l'évacuer en avion. Mais Frank Heslop arrive pour procéder à leur arrestation. Marianne préfère se suicider qu'être condamnée et exécutée.
La guerre terminée, Max Vatan s'établit à Medecine Hat, dans la région de l'Ontario, au Canada, où il est né, pour élever sa fille.

Alliés est un film difficile à apprécier, ses qualités ne masquant pas ses défauts. Mais, dans le même temps, c'est dans ce thème de la dissimulation, du simulacre, que se situe son sujet - et son intérêt, fusse-t-il inégal. En somme, le traitement de Robert Zemeckis colle à ce point au récit et ses motifs qu'il en reproduit les hauts et les bas, dans la narration et la mise en scène.

Si ses affiches américaine et française le présentent tour à tour comme une romance ou un film de guerre, les deux images convoquent surtout le cinéma classique des années 40 et ambitionne de renouer avec le souffle épique et sentimental de façon à la fois simple (Marianne est-elle une espionne allemande ?) et complexe (une fois la vérité connue, Max l'exécutera-t-elle comme il en a reçu l'ordre ? Ou cherchera-t-il à la sauver par amour ?).

Cette situation renvoie ironiquement à l'argument qui fondait Mr. & Mrs. Smith (Doug Liman, 2005), avec déjà Brad Pitt et Angelina Jolie, dont le couple s'est séparé avec fracas durant la promotion d'Allied - et qui a valu à Marion Cotillard d'en être un temps tenue responsable (la comédienne y a répondu avec élégance et fermeté). L'affaire a fait long feu, autant que la volonté de Zemeckis de s'engager dans une super-production convenue comme il en a l'habitude (et le pouvoir). Si le long métrage ne manque pas (surtout dans sa première partie marocaine) de spectaculaire, il insiste davantage (et heureusement) sur une réflexion habile de l'image dont on tombe amoureux (les plans avec des miroirs dans lesquels les héros se regardent autant qu'ils regardent le reflet de l'autre ou semblent chercher des réponses abondent d'ailleurs).

Par extension le cinéaste suggère qu'on regarde un film pour ses stars en essayant d'en déchiffrer le mystère, de juger la justesse de leurs compositions, et qu'entre l'espionnage et la comédie, tout est affaire d'apparences. Une fois le poison du doute diffusé entre eux, c'est à qui le premier confondra l'autre, devinera ses soupçons. Et c'est la partie la plus savoureuse et aboutie du film.

Le résultat aurait sans doute gagné à être plus ramassé, plus dense, même si on passe deux heures sans s'ennuyer, mais avec une tension intermittente. Parfois Zemeckis impose des scènes produisant une vraie poésie (la première étreinte de Max et Marianne dans leur voiture que balaie une tempête de sable), d'autres fois une intensité très efficace (et simplement mise en scène, comme lorsque Max va liquider les allemands auxquels Marianne rend de comptes, sans que la caméra ne quitte la voiture où elle se trouve, jouant sur l'attente de le voir revenir et la peur de la jeune femme). Et puis parfois aussi Zemeckis rate son coup et on regrette qu'il n'ait pas été plus strict dans son montage (l'amour de Max et Marianne aboutit sans qu'on ressente vraiment leur attirance). Le dénouement aurait sans doute été plus puissant si, paradoxalement, Marianne avait été innocente et que, comme cela est suggéré à un moment, sa hiérarchie avait voulu tester Max en voulant savoir s'il était prêt à dénoncer sa femme.

L'interprétation est inégale, avec des seconds rôles négligés (Jared Harris sous-exploité) ou vraiment mal joués (Thierry Frémont cabotinant affreusement). Brad Pitt, comédien au charisme sur-côté et inexpressif, semble étrangement figé, échouant totalement à émouvoir à la fin. Marion Cotillard, en revanche, livre une prestation à nouveau remarquable, troublante et insondable, et Zemeckis la filme avec un glamour exprimant à l'évidence la fascination qu'il a éprouvée devant elle.

Par la faute d'un rythme indolent, de péripéties parfois absurdes (l'aller-retour Londres-Normandie en avion) et d'un casting peu inspiré, Alliés n'est donc pas le grand mélo intime et épique espéré, mais "juste" une agréable contrefaçon, un pastiche un peu trop apprêté.    

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire