mardi 28 février 2017

SERENA, de Susanne Bier (2014)


SERENA est un film réalisé par Susanna Bier.
Le scénario est écrit par Christopher Kyle, d'après le roman de Ron Rash. La photographie est signée Morten Soborg. La musique est composée par Johan Söderqvist.


Dans les rôles principaux, on trouve : Bradley Cooper (George Pemberton), Jennifer Lawrence (Serena Shaw), Rhys Efans (Galloway), Toby Jones (shérif McDowell), Sean Harris (Campbell), Ana Ularu (Rachel Harmon), David Dencik (Buchanan).
 George Pemberton
(Bradley Cooper)

1929. Caroline du Nord. Ambitieux exploitant forestier, George Pemberton épouse Serena Shaw à qui sa soeur l'a présentée et avec il forme autant un couple ordinaire qu'une paire d'associés. Rapidement, pourtant, la jeune femme, dont le père était aussi un baron du bois, s'attire l'inimitié de Buchanan, le partenaire et plus vieil ami de son mari.
Serena Shaw
(Jennifer Lawrence)

La raison de cet antagonisme se trouve dans l'accord que veut passer Buchanan avec le shérif McDowell, représentant un groupe d'acheteurs désireux de transformer la forêt en parc national protégé. Mais la somme offerte pour acquérir les terrains de Pemberton est en deçà des attentes de ce dernier, bien qu'il ait déjà dû hypothéquer des biens fonciers au Brésil pour rembourser ses banquiers.
Serena et George Pemberton

Influencé par Serena, George s'estime trahi par Buchanan et profite d'une partie de chasse pour le tuer en faisant passer son meurtre pour un accident. Campbell, un employé de Pemberton, seul témoin de la scène, couvre son patron pour ne pas perdre sa place et le shérif doit, à contrecoeur, classer l'affaire. 
George

Peu après, Serena annonce à George qu'elle est enceinte, mais il lui a cachée être déjà le père du fils d'une de ses ouvrières, Rachel Harmon, à qui il verse régulièrement et discrètement de l'argent pour qu'elle et l'enfant ne soient pas démunis.
George et Serena

Alors qu'elle rend visite à cheval aux bûcherons, Serena distrait Galloway, un pisteur embauché par George pour trouver un puma qu'il rêve d'accrocher à son tableau de chasse. Gravement blessé, il ne doit la vie qu'à l'intervention de la jeune femme qui le fait conduire à l'hôpital. 
Calloway et Serena
(Rhys Efans et Jennifer Lawrence)

Mais elle l'y rejoint à la suite d'une fausse couche la nuit suivante. Les médecins annoncent à George que sa femme ne pourra plus jamais porte d'enfant. En l'absence de son patron, Campbell met la main sur les livres de comptes de Buchanan et, découvrant des escroqueries (pots-de-vin versés à des politiciens, détournement de fonds...), les livre au shérif, quitte à être poursuivi lui aussi en justice. Lorsque George découvre ce qu'a fait Campbell, Serena demande à Galloway, rétabli et qui est redevable, d'éliminer le traître et de récupérer les documents comptables qu'il a dérobés.
George et Serena

Ceci fait, maladivement jalouse de la présence de Rachel et de son fils, elle convainc Galloway de les supprimer. George devine le danger et part à la rescousse de la mère et de l'enfant, tuant Galloway. Une fois Rachel partie en train, il rentre en s'enfonçant dans la forêt pour traquer le puma mais la bête et lui s'entretuent.
Serena et George

Refusant d'identifier le corps de George quand le shérif le lui amène, Serena se suicide en provoquant l'incendie de leur maison.

Les succès de Happiness Therapy et American Bluff (David O. Russell, 2012 et 2013) ont évidemment motivé les producteurs de Serena à capitaliser sur le couple (de fiction) formé par Jennifer Lawrence et Bradley Cooper, devenus à la fois des acteurs acclamés par la critique et "bankables", pour cette adaptation du roman de Ron Rash. Mais ce calcul opportuniste n'a pas suffi.

Avec ce mélodrame qui met en scène un séduisant entrepreneur américain, qui a fait fortune dans l'industrie du bois, et son épouse, dont la famille a péri dans un mystérieux incendie, la réalisatrice Susanne Bier disposait pourtant d'une histoire prometteuse. An brassant des thèmes comme l'amour, l'argent, la jalousie, la corruption, dans le cadre des grands espaces, cet univers éminemment romanesque invoquait les grands classiques de l'âge d'or hollywoodien avec une plus-value glamour représentée par ses deux stars.

Mais la cinéaste danoise expatriée raconte tout cela en ayant visiblement la tête ailleurs, en rêvant d'autre chose qu'un beau véhicule pour ses vedettes. Si elle tire le meilleur de ses décors et d'une ambiance hantée, avec ces forêts sombres et inquiétantes où les hommes travaillent dur, elle peine davantage à exprimer les passions qui animent ses héros et leurs ennemis. La faute à un scénario trop elliptique, qui échoue à traduire la progression de la folie grandissante de Serena (et les répercussions sur son couple), passe trop vite sur les péripéties, glisse sur des personnages caractérisés superficiellement.

Tout paraît ici réduit à des clichés, des conventions, des artifices, et le mélodrame attendu ne décolle jamais, faute de souffle et, plus encore, d'intensité. Les producteurs s'en sont aperçus vite, mais trop tard, une fois le film en boîte : Susanne Bier a été écarté du montage final qui aurait duré 18 (!) mois à cause de screen-tests désastreux. La noirceur de l'intrigue, son dénouement tragique, même rafistolés, ne laissaient de toute façon guère de chance au projet de rencontrer le public et les critiques, sans indulgence, n'ont fait que précéder l'échec commercial de Serena.

Les deux vedettes s'en sortent pourtant honorablement, même si on devine que leurs prestations ont souffert de coupes drastiques : Jennifer Lawrence prouve qu'elle peut composer un personnage trouble et troublant avec ce rôle d'épouse semblant précipiter le malheur, tandis que Bradley Cooper en impose par un jeu intériorisé, très "Eastwoodien", tout en tension et en densité physique. Les seconds rôles sont intéressants mais souvent trop esquissés (Rhys Efans en pisteur mystique, Toby Jones en shérif intègre).

Mais les qualités de l'ouvrage restent trop rares et épisodiques pour sauver l'ensemble : Serena reste davantage une curiosité qu'une oeuvre maudite, une occasion manquée qu'un grand film malade. N'y a-t-il donc que David O. Russell pour bien diriger Jennifer Lawrence et Bradley Cooper ensemble ?  

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