mardi 21 février 2017

L'ODEUR DE LA MANDARINE, de Gilles Legrand (2015)


L'ODEUR DE LA MANDARINE est un film réalisé par Gilles Legrand.
Le scénario est écrit par Gilles Legrand et Guillaume Laurant. La photographie est signée Yves Angelo. La musique est composée par Armand Amar.


Dans les rôles principaux, on trouve : Georgia Scalliet (Angèle), Olivier Gourmet (Charles de Rocheline), Dimitri Storoge (Léonard), Hélène Vincent (Emilie), Marine Vallée (Louise), Fred Ulysse (Firmin), Romain Bouteille (le notaire), Michel Robin (le curé), Hubert Cancelier (le sergent Borel).
 Angèle
(Georgia Scalliet)

Eté 1918. Picardie. Fille-mère de la petite Louise, Angèle, originaire du Béarn, entre au service de Charles de Rocheline, châtelain et mutilé de guerre, comme infirmière à domicile. Rapidement, l'ancien officier ne cache pas ses sentiments pour cette jeune femme attirante et gouailleuse, même si elle lui explique n'avoir pas fait le deuil du père de sa fille qu'elle n'a pu épouser à cause du refus de sa famille.
Charles
(Olivier Gourmet)

Encouragée par la gouvernante Emilie, Angèle accepte pourtant finalement d'épouser Charles y posant quelques conditions strictes (elle ne veut pas d'autre enfant, ne lui ouvrira son lit qu'une fois par semaine, veut conserver son statut de salariée). 
Emilie et Angèle
(Hélène Vincent et Georgia Scalliet)

Il accepte toutes ses exigences en faisant établir un contrat de mariage par un notaire avant que leurs noces ne soient célébrées religieusement par un curé dans la chapelle de la propriété en petit comité.
Charles et Angèle

La situation va connaître une évolution sensible lorsque, une nuit, un "poilu" demande l'hospitalité pour lui et son cheval, Oslo, un superbe étalon noir qu'il a pour mission de ramener au Cadre Noir de Saumur. Charles accepte de l'héberger bien qu'il soit convaincu que Léonard est un déserteur, mais il veut surtout offrir le cheval à Angèle pour, espère-t-il, qu'elle l'aime vraiment. 
 Léonard et Angèle
(Dimitri Storoge et Georgia Scalliet)

Des soldats se présentent au manoir pour réquisitionner les chevaux. Oslo est caché et Charles refuse catégoriquement de céder sa jument, Mandarine. Il chasse les troufions en les menaçant avec un pistolet et en les prévenant que s'ils reviennent, il les dénoncera pour avoir commercer de la viande de cheval au marché noir.
Léonard et Charles

Léonard raconte à Angèle qu'il a connu un jockey béarnais au front, suggérant qu'il s'agit de l'ancien amant de la jeune femme, mais elle ne le croit pas. Charles accepte une saillie d'Oslo sur Mandarine puis qu'Angèle, mal à l'aise à cause de Léonard, dorme avec lui. Mais ce rapprochement se passe mal car il est frustré de ne pas être aimé par son épouse.
Angèle

Lors de son anniversaire, Angèle offre une prothèse, ouvragée par un ébéniste, à Charles mais il la refuse car il ne veut pas dissimuler son infirmité ni susciter la pitié. Il s'éclipse une journée entière et rentre avec une prostituée. Humiliée, Angèle se donne à Léonard qui la prend brutalement. 
Charles et Angèle

Charles congédie le soldat en gardant Oslo sinon il le dénoncera comme déserteur. Ce dernier parti durant la nuit suivante, Charles introuvable au matin, Angèle, apeurée, le retrouve dans la forêt voisine. Elle se donne enfin à lui par amour après avoir eu peur de le perdre et il savoure ce bonheur partagé après l'avoir longtemps attendu.

Traiter de l'animalité du désir et des pulsions sexuelles entre deux blessés de guerre - lui dans sa chair, elle dans son coeur - est au centre du quatrième film de Gilles Legrand (après Malabar Princess en 2003, La jeune fille et les loups en 2007, Tu seras mon fils en 2010). Et il parvient en s'attachant à ce couple dont le mariage de raison n'a rien de raisonnable, dans une nature sublimée aussi paisible que leur romance est tumultueuse.

Mandarine est le nom d'une jument que monte Angèle dans le domaine de Charles, tous deux admirent la vigueur de l'animal alors que le tonnerre des canons gronde encore tout près, précarisant tout projet d'avenir après avoir déjà ravagé leur passé. Il a laissé une jambe sur le champ de bataille, elle ne sait pas ce qu'est devenu le père de sa fille. Progressivement, ils s'apprivoisent, deviennent complices, puis amants et enfin époux. Ils ne sortent jamais de ce manoir retiré de tout, si ce n'est pour quelques chevauchées en forêt pour elle.

Mais Charles a envie d'une épouse plus que d'une infirmière tandis qu'Angèle veut d'abord assurer l'avenir pour sa fille : l'attirance sensuelle le dispute alors à une tension croissante entre les deux époux. L'intrigue interroge le désir d'une femme pour un homme qu'elle n'aime pas et le désir d'un homme qui souhaite d'abord être aimé de sa femme. Après une relation au début joueuse, la suite devient plus orageuse, gagnant en intensité et en émotion.

Le résultat doit énormément à ses interprètes : Olivier Gourmet impose naturellement sa puissance physique conjuguée à une vraie noblesse dans l'expression des sentiments qui l'agitent. Face à lui, Georgia Scalliet, venue de la Comédie-Française, a été, justement, saluée comme la révélation du film, alliant une séduction impertinente et une distinction épatante. Entre eux, Dimitri Storoge imprime sa présence menaçante et sournoise.

Si le scénario n'est pas toujours très subtil dans ses métaphores (les saillies des chevaux en écho à celles de Charles et Angèle), le classicisme assumé du projet a quelque chose de culotté qui l'emporte sur ces facilités, et les dialogues de Guillaume Laurant sont décapants.

C'est cette électricité ambiante, visuellement superbe (grâce à la photo d'Yves Angelo), qui donne à cette histoire de (re)conquête son meilleur atout : un vrai souffle romanesque.

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