jeudi 16 février 2017

L'ADORABLE VOISINE, de Richard Quine (1958)


L'ADORABLE VOISINE (Bell, Book and Candle) est un film réalisé par Richard Quine.
Le scénario est écrit par Daniel Taradash, d'après la pièce de John Van Druten. La photographie est signée James Wong Howe. La musique est composée par George During.


Dans les rôles principaux, on trouve : Kim Novak (Gillian Holroyd), James Stewart (Shep Henderson), Jack Lemmon (Nicky Holroyd), Ernie Kovacs (Sidney Redlitch), Elsa Lanchester (Queenie Holroyd), Hermione Gingold (Bianca de Pass), Janice Rule (Merle Kittridge).
 Gillian Holroyd
(Kim Novak)

Noël. Gillian Holroyd vit dans le quartier de Greenwich Village à New York et se languit de ne pas trouver l'amour. Jusqu'au jour où son séduisant voisin, l'éditeur Shep Henderson, entre dans sa galerie d'art primitif, vient lui demander s'il peut utiliser son téléphone car le sien est en dérangement. 
Shep Henderson et Queenie Holroyd
(James Stewart et Elsa Lanchester)

Ce qu'il ignore, c'est que ce désagrément est l'oeuvre de Queenie Holroyd, la tante de Gillian, sorcières toutes les deux. Et quand la jeune femme apprend que Shep est sur le point de se marier avec Merle Kittridge, qui fut sa rivale au lycée, elle décide d'empêcher leur union. 
Gillian


Queenie met toutefois sa nièce en garde : toute sorcière qui tombe amoureuse d'un simple humain est vouée à perdre ses pouvoirs et il n'est pas bon d'user de ceux-ci pour briser un couple heureux. Gillian décide donc de ruser pour parvenir à ses fins : elle invite Shep au "Zodiac Club", où joue son frère, Nicky Holroyd, afin d'humilier Merle.
 Queenie, Nicky et Gillian Holroyd
(Elsa Lanchester, Jack Lemmon et Kim Novak)

Le plan fonctionne si bien que, lorsque Merle cherche du réconfort auprès de Shep, il s'amuse de ses superstitions liées à Gillian et elle rompt avec lui. Il reste maintenant à Gillian à séduire Shep : pour cela, elle envoûte à distance Sidney Redlitch, auteur d'un best-seller sur la magie au Mexique, pour qu'il lui soumette son nouveau manuscrit, assuré d'être un nouveau succès, pour que Henderson le publie.
Sidney Redlitch et Shep Henderson
(Ernie Kovacs et James Stewart)

Surpris mais enthousiaste de le rencontrer, Shep le confie aux bons soins de Nicky, qui propose à Redlitch de le guider dans ses recherches sur les sorciers à New York, puis revoit Gillian au charme de laquelle il ne tarde pas à succomber sans qu'elle ait besoin de recourir à la magie.
Baal-Moloch et Shep

Estimant la profondeur des sentiments de Shep pour elle, Gillian lui avoue alors sa véritable nature. D'abord interloqué, il devient furieux en pensant qu'elle a voulu le séduire uniquement pour se venger de Merle et décide de ne plus la revoir. Shep tente bien ensuite de se réconcilier avec Merle mais elle refuse. Pour s'immuniser contre de futurs tours de magie, Shep convainc alors Nicky de le conduire, en compagnie de Redlitch, chez Bianca de Pass, une autre sorcière, concurrente des Holroyd, pour qu'elle le désenvoûte. 
Shep et Gillian

Ignorant cela, Gillian tente de lancer un nouveau sort pour récupérer Shep mais se rend alors compte, avec Queenie, qu'elle a perdu ses pouvoirs car elle est réellement amoureuse. Shep ramène alors son chat à Gillian et découvre en la voyant pleurer que, comme le lui a expliqué Redlitch, elle n'a plus ses facultés magiques. Il compatît et lui pardonne, comprenant qu'elle l'aime vraiment comme lui.

Méconnu en France, Bell, Book and Candle est devenu un classique de Noël grâce à ses fréquentes rediffusions à la télé durant les fêtes de fin d'année. Chez nous, il donne surtout l'occasion de revoir le couple mythique de Vertigo (Alfred Hitchcock, 1958), tourné dans la foulée. On s'amusera d'ailleurs des correspondances entre les deux films, même s'il n'est évidemment pas question de comparer un chef d'oeuvre avec cette comédie romantique réalisée par un Richard Quine qu'on aura connu plus inspiré (voir Deux Têtes Folles, 1964).

Ainsi, donc, retrouve-t-on l'immense James Stewart, incarnation de "l'honnête homme" américain dont l'image et la palette de jeu s'étaient considérablement nuancées durant ces années 50 (grâce justement à ses collaborations avec Anthony Mann et Hitchcock), ici de retour dans un registre plus léger : il interprète avec sa classe coutumière et une expressivité toujours aussi subtile un homme dans la force de l'âge pris au jeu de l'amour par une très belle sorcière (qui, en vérité, n'a guère besoin de sortilèges pour lui faire tourner la tête...). C'est une des dernières comédies de l'acteur et on devine qu'il l'a abordée comme une parenthèse entre deux rôles plus troubles.

Face à lui, Kim Novak est tout simplement splendide : son regard bleu, sa beauté aussi renversante quoique différemment exploitée que chez "Hitch", son élégante silhouette (magnifiée des costumes qui vaudront au film une citation à l'Oscar), sont saisis par Quine, aussi fasciné que le spectateur - il la dirigera d'ailleurs dans trois autres longs métrages ensuite. Fidèle à sa légende, ainsi qu'on peut le vérifier dans bien des plans, elle érotise son personnage avec audace puisqu'elle ne porte pas de sous vêtements... Mais sa plastique mémorable ne doit pas occulter la finesse de son jeu : on a souvent réduit la carrière de Kim Novak à son personnage dans Vertigo, or elle prouve ici comme dans d'autres opus quelle comédienne remarquable elle était.

Adapté d'une pièce de théâtre, le scénario ne brille hélas ! pas par son rythme et souffre de dialogues manquant (c'est un comble !) d'esprit. Il manque à tout cela une étincelle de fantaisie comme celle qui distinguait le classique magico-romantique de René Clair, Ma Femme est une sorcière (1942). Dommage...

Mais Quine emballe quand même son affaire avec beaucoup d'allure, grâce à la photo superbe de James Wong Howe et une caméra très mobile et fluide. Les seconds rôles sont assez savoureux aussi, en particulier Jack Lemmon (très drôle en frangin malicieusement démoniaque) et Elsa Lanchester (en tante indigne). On notera aussi la présence du chanteur français Philippe Clay.

A (re)voir donc surtout pour le grand Stewart et la divine Kim, et ce beau matou dont le nom français (Baal-Moloch) est plus mystérieux qu'en v.o. (Pyewicket)... 

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