mardi 9 mai 2017

LES TRIBULATIONS D'UNE CAISSIERE, de Pierre Rambaldi (2011)


LES TRIBULATIONS D'UNE CAISSIERE est un film réalisé par Pierre Rambaldi.
Le scénario est écrit par Michel Siksik, d'après le livre d'Anna Sam. La photographie est signée Thomas Hardmeier. La musique est composée par Emmanuel Rambaldi.


Dans les rôles principaux, on trouve : Déborah François (Solweig), Elsa Zylberstein (Marie/Virginie), Alice Belaïdi (Leïla), Firmine Richard (Sandy), Nicolas Giraud (Charles), Jean-Baptiste Fonck (Anatole), Jean-Luc Couchard (Mercier), Marc Lavoine (Ferry).
 Solweig : caissière le jour...
(Déborah François)

Après de brillantes études pour devenir professeur de français, Sloweig a dû, pour subvenir à ses besoins et ceux de son jeune frère, Anatole, devenir caissière dans un supermarché, car leur mère est morte et leur père hospitalisé dans le coma.
 ... Et blogueuse la nuit

Mais, le soir venu, sous un pseudonyme, la jeune femme écrit un blog, "Qu'est-ce à dire ?", dans lequel elle raconte son quotidien avec causticité mais objectivité. En cette période chargée des fêtes de Noël, la grogne sociale de ses collègues, insatisfaite de leurs conditions de travail et salariales, se fait entendre. Ferry, rédacteur en chef du magazine "Actu", veut découvrir qui est cette blogueuse.  
Ferry
(Marc Lavoine)

Solweig et ses collègues, Leïla et Sandy, accueillent justement une nouvelle recrue, Marie, et lui apprennent à composer avec le tatillon chef-caissier Mercier. La jeune femme, pour arrondir ses fins de mois, accepte aussi de remplacer une amie, Véronique, en donnant des cours particuliers à un adolescent issu d'une bonne famille dont le frère aîné, Charles, comédien, tombe sous son charme.
Charles et Solweig
(Nicolas Giraud et Déborah François)

Pour avoir défendu Solweig contre Mercier et bien qu'elle soit criblée de dettes et enceinte, Leïla est renvoyée. Cela révolte Solweig qui, au détour d'une conversation, se trahit en avouant à demi-mots qu'elle est bien l'auteur de "Qu'est-ce à dire ?" à Marie... Qui, ayant infiltré le supermarché pour Ferry, la dénonce. 
Marie/Virginie
(Elsa Zylberstein)

Peu après, Mercier tente d'abuser sexuellement de Solweig avant que Charles ne la sauve. Elle perd son boulot mais tombe dans les bras de son soupirant et assiste à la représentation du Cid dans laquelle il tient le premier rôle. Après avoir longtemps négligé la pièce pour avoir pensé à elle, il l'encourage à faire quelque chose de concret à partir de son blog. 
Solweig

Lors d'une fête, où elle se découvre à la "une" de "Actu", Solweig apprend que Marie l'a trahie, mais pour mieux informer les lecteurs du labeur des caissières, ce qui, poussée par Leïla et Sandy, l'incite à la pardonner. Six mois plus tard, les confessions de Solweig sont devenues un best-seller, vendu dans le supermarché où elle fut caissière... Et où l'infâme Mercier a été rétrogradé comme agent d'entretien !

Adapté d'un livre-témoignage écrite sous un pseudonyme par une véritable caissière, qui avait causé quelques débrayages dans plusieurs enseignes de la grande distribution, le film de Pierre Rambaldi en respecte légèrement l'esprit en y greffant une romance.

La critique a reproché ce choix au cinéaste d'édulcorer le propos social. Pourtant, cette réorientation permet d'abord de ne pas sombrer dans le misérabilisme en présentant ces ouvrières d'une manière divertissante. De ce point de vue, c'est donc l'anti-Ken Loach, ce dont je ne me plains pas car ce cinéma-vérité, ces films-dossiers, par des réalisateurs-justiciers qui sont moins regardants quand ils sont hébergés dans un palace lors du festival de Cannes (où ils sont régulièrement sélectionnés, quelque soit la qualité de leur oeuvre), a le don de me hérisser (tout comme m'insupportent certains documentaristes faisant du buzz à bon marché en venant provoquer des responsables publiques dans des émissions politiques).

Attention ! Je ne prétends pas que ce film est dénué de reproches : affligé d'un titre médiocre et avec un scénario alourdi par une romance aussi maladroite qu'inutile (et incarné, dans le rôle du prince charmant - enfin... Charmant, c'est vite dit, parce que ce fils à maman qui n'arrive pas à se concentrer sur son rôle parce qu'il est amoureux est surtout une tête à claques comme son interprète, Nicolas Giraud), l'affaire n'est pas gagnée.

Mais le reste est soigné, dès le générique (en animation, très joli), puis la réalisation soignée, le rythme fluide. La défense des caissières est sincère en les présentant comme des femmes de tous âges, consciencieuses, victimes de cadences infernales, de chefaillons mesquins, de clients (vous, moi - qui ne s'est jamais passé les nerfs contre ces filles, pour des broutilles ?) souvent ingrats, et tout ça, pour un salaire indigne.

Elle sont surtout profondément humaines : à cause de ce qu'elles subissent, craignant de perdre leur place - et, ici, ignorant que l'une d'elles est une espionne à la solde d'un journal - , elles sont parfois débordées par des tensions propres à tout groupe, tributaires de leurs origines sociales et de leurs difficultés privées. Mais, malgré tout, solidaires. On les observe avec compassion, et une pointe de culpabilité - pensez, comme le souhaite Solweig, à leur dire "bonjour, merci, au revoir" la prochaine fois que vous leur ferez passer vos articles...

Les actrices sont formidables, Déborah François en tête (pétillante, courageuse, séduisante, maline), entourée par Elsa Zylberstein, Alice Belaïdi et Firmine Richard. Dommage qu'aucun comédien ne soit à leur hauteur, dans un rôle consistant (Marc Lavoine ne fait qu'apparaître dans deux scènes).

C'est, honnêtement, moyen, mais sympathique.   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire