lundi 8 mai 2017

LA STRATEGIE DE LA POUSSETTE, de Clément Michel (2013)


LA STRATEGIE DE LA POUSSETTE est un film réalisé par Clément Michel.
Le scénario est écrit par Clément Michel avec la collaboration de Louis-Paul Desanges. La photographie est signée Steeven Pettiteville.


Dans les rôles principaux, on trouve : Raphaël Personnaz (Thomas), Charlotte Le Bon (Marie), Jérôme Commandeur (Paul), Camélia Jordana (Mélanie), Julie Ferrier (Valérie), François Berléand (Hamory).
 Thomas et Marie
(Raphaël Personnaz et Charlotte Le Bon)

Quelques mois après leur coup de foudre, le jour où il avait organisé une fête pour son anniversaire pour elle, Thomas est quitté par Marie parce qu'elle juge que leur relation piétine et qu'il ne veut pas d'enfant tout de suite. Un an passe, Thomas déprime et végète professionnellement, entre deux commanditaires (le premier lui demande de dessiner un calendrier érotique, le second d'illustrer une centaine de cartes postales).
Thomas et Léo

En rentrant chez lui, il sauve le bébé de sa voisine, Mélanie, alors qu'elle fait une chute dans l'escalier de l'immeuble. Il la conduit à l'hôpital où elle lui demande de veiller sur son enfant. Une infirmière apprend alors à Thomas que Marie, puéricultrice, a quitté son poste pour fonder une association, "Bébés bonheur", qui vient en aide à des nouveaux parents. 
Marie, Léo et Thomas

Pour se rapprocher d'elle et espérer la reconquérir, Thomas décide d'utiliser le bébé de Mélanie, placée par les médecins en coma artificiel le temps qu'elle récupère. Marie est néanmoins véxée de le découvrir père même s'il précise être séparé de la mère du nourrisson. 
Marie et Valérie
(Charlotte Le Bon et Julie Ferrier)

Ce détail n'échappe pas à une des clientes de l'association, Valérie, mère célibataire et très entreprenante, qui cherche alors à le charmer. Par ailleurs, Marie lui raconte qu'elle a refait sa vie avec un certain Boris, qui travaille dans l'humanitaire à l'étranger.
Thomas et Paul
(Raphaël Personnaz et Jérôme Commandeur)


Suivant les conseils (plus ou moins avisés) de son meilleur ami, Paul, professeur de tennis mythomane et dragueur invétéré, Thomas perfectionne son rôle de "papa", mais Marie, résolue à se venger, lui résiste tout en étant troublé par le soin avec lequel il protège le bébé.
 Mélanie, Léo et Thomas
(Camélia Jordana et Raphaël Personnaz)

Mélanie sort du coma après cinq jours et est impatiente de récupérer son enfant. Elle passe remercier Thomas chez lui après avoir passé une nuit chez elle avec son fils. Mais, épuisée, elle s'assoupit et Thomas a alors l'idée folle d'enlever une dernière fois le bébé pour rejoindre Marie à son association, où elle donne une fête, et la faire craquer. Mais quand Mélanie se réveille et découvre, grâce à une brochure de "Bébés bonheur", où il est allé, elle provoque un scandale et dévoile l'imposture du jeune homme, aussitôt congédié par Marie.
Thomas et Marie

Revenant le lendemain lui présenter ses excuses, Thomas apprend que Marie est partie pour un séminaire en province. Il la rejoint à son hôtel et, contre toute attente, au terme d'une tirade désolée, gagne son pardon. Elle accepte alors de lui accorder une nouvelle chance.

Scénariste passé à la réalisation, Clément Michel a essuyé une pluie de critiques négatives et un échec public avec son premier long métrage. Il n'a certes pas choisi la facilité ni particulièrement brillé dans le délicat exercice de la comédie romantique, qui plus en affublant à son opus un titre médiocre. Mais tout n'est pas à jeter dans cet effort.

L'argument rappelle évidemment beaucoup celui de Trois Hommes et un couffin (Coline Serreau, 1985), même si on n'a pas à supporter Michel Boujenah dans le cas présent (ce qui est déjà un poids en moins), et que le bébé miraculeusement tombé dans les bras du héros va devenir l'instrument d'une tentative de reconquête amoureuse tout aussi acrobatique. Tout le piquant de la situation se révèle alors puisque, un an auparavant, Thomas a perdu Marie en refusant d'être papa.

Ce postulat aboutit à des gags dans divers registres, inégaux, mais que la réalisation, fluide et efficace (l'affaire est pliée en 85 minutes) à défaut d'être inventive, sert simplement : Thomas fait l'expérience de la paternité avec les aléas que cela implique (d'abord en sérieuse difficulté avec le nourrisson, il finit par s'y attacher et s'en occupe avec tendresse et application), ensuite la présence de ce bébé rebat les cartes de ses relations (avec son meilleur ami Paul, dont les conseils foireux sont éprouvés, et Valérie, mère célibataire, séduite par ce beau jeune homme), enfin l'objectif de retrouver Marie est compromis par la nature même de son approche (fondée sur un énorme mensonge dont il sait qu'il faudra le lui révéler mais qu'il diffère, sachant qu'elle ne lui pardonnera pas davantage que d'avoir refusé de lui donner un enfant un an avant).

Avec ces trois pistes comiques, le cinéaste disposait d'une matière conséquente pour alimenter son récit en scènes plus drôles, et même délirantes, que le résultat, in fine très sage, et dont la happy end est plus qu'improbable.

En revanche, il est un terrain, plus inattendu, où le film est plus convainquant : en abordant frontalement la dépression réelle de son héros, il présente ses failles - et de ce point de vue, Thomas apparaît souvent borderline. Passe encore qu'il instrumentalise le bébé dans son intrigue amoureuse, mais quand il n'entend ni les mises en garde de Paul sur le fait qu'il faudra avouer son mensonge à Marie, qu'il rend l'enfant à contrecoeur à sa mère (à laquelle il a bien évidemment caché ce qu'il en fait) et qu'il le lui enlève une dernière fois, là, le garçon perd vraiment toute mesure et le spectateur comprend que sa solitude l'égare autant à la perspective de ne pas renouer avec Marie que de ne pas conserver le bébé. Dommage que Clément Michel n'ait pas osé souligner cette dérive, quitte à faire dérailler la comédie légère dans un malaise absurde.

Néanmoins, le film dispose de comédiens bien choisis : le couple Raphaël Personnaz-Charlotte Le Bon (en plus d'être deux acteurs physiquement séduisants) fonctionne vraiment bien, le jeu expressif ne sombrant jamais dans l'excès. Ils sont bien soutenus par Jérôme Commandeur, excellent en conseiller à la ramasse, et Julie Ferrier, en "chaudasse" pot-de-colle, sans oublier le premier rôle prometteur de la chanteuse Camélia Jordana.

Tout ça laisse un goût d'inachevé, frustrant, mais avec quelques idées et des interprètes indéniablement inspirées. 

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