dimanche 28 août 2016

ANT-MAN, de Peyton Reed (2015)


ANT-MAN est l'adaptation du comic-book éponyme publié par Marvel Comics, créé par Stan Lee, Larry Lieber et Jack Kirby, la 12ème produite Marvel Studios et le dernier de la Phase 2 du "Marvel Cinematic Universe".
Le film est réalisé par Peyton Reed ; écrit par Adam McKey et Paul Rudd d'après le script initial de Edgar Wright et Joe Cornish. La direction artistique du film est signée par Justin O'Neal Miller, avec la photographie de Russel Carpenter, les costumes de Sammy Sheldon Differ, et la musique de Christopher Beck.

Dans les rôles principaux, on trouve : Paul Rudd (Scott Lang / Ant-Man II), Evangeline Lilly (Hope Van Dyne), Corey Stoll (Darren Cross / Yellowjacket), Bobby Cannavale (Paxton), Michael Peña (Luis), Tip "T.I." Harris (Dave), David Dastmalchian (Kurt), Anthony Mackie (Samuel Wilson / le Faucon), Wood Harris (Gale), Judy Greer (Maggie Lang), Abby Ryder Forston (Cassie Lang), et Michael Douglas (Hank Pym / Ant-Man I).

En 1989, le scientifique Hank Pym démissionne du SHIELD après avoir découvert que sa technologie de réduction "Ant-Man" risque d'être utilisée à des fins militaires. Estimant sa découverte trop dangereuse si elle tombe entre de mauvaises mains, Pym jure de la dissimuler aussi longtemps qu'il vivra.

De nos jours, la fille de Pym, Hope Van Dyne, et son ancien disciple, Darren Cross, ont pris le contrôle de la compagnie qu'il a fondée. Cross est sur le point de trouver une formule identique à celle de son mentor et a conçu une combinaison pour l'utiliser, la "Yellowjacket", ce qu'appréhendait Pym. 
Scott Lang
(Paul Rudd)

A la même période, le cambrioleur et informaticien Scott Lang sort de prison, attendu par son ancien complice Luis. Durant sa détention, sa femme, Maggie a refait sa vie avec le policier Paxton qui élève désormais la fille de Scott, Cassie.
Cassie et Maggie Lang
(Abby Ryder Forston et Judy Greer)

A cause de son casier judiciaire, Scott a du mal à trouver un emploi et finit par accepter la proposition de Luis de participer à un nouveau cambriolage, avec le concours de Dave et Kurt.
Luis, Kurt et Dave
(Michael Peña, David Dastmalchian et T.I.)

Il s'agit de s'introduire dans la maison d'un scientifique pour lui voler l'argent qu'il garde dans un coffre. Mais, à la place, Scott trouve une étrange combinaison qui ressemble à celle d'un motard et un étrange casque métallique équipé informatiquement.

Chez Luis, alors qu'il est seul, Scott essaie la combinaison et le casque. Il découvre qu'il est alors capable, grâce à cet équipement, de rapetisser jusqu'à la taille d'un insecte. L'expérimentation a suffisamment terrifié Lang pour qu'il décide de la ramener à son propriétaire. Hélas ! En quittant les lieux, il est appréhendé par la police et incarcéré.

Au poste de police, Scott reçoit la visite de Hank Pym, qui se fait passer pour son avocat afin de l'inciter à se retrouver plus tard dehors. Lang réussit à s'évader en réutilisant la combinaison et le casque, grâce auxquels il peut communiquer avec Pym mais aussi des fourmis qui le transportent chez le savant.

Chez Pym, Scott apprend qu'il a été manipulé par son hôte depuis le premier cambriolage afin qu'il devienne le nouvel Ant-Man pour contrecarrer les projets de Darren Cross. La fille de Pym, Hope Van Dyne, est la complice de son père dans cette opération mais elle estime qu'elle devrait lui succéder sur le terrain et que Lang est inutile dans leur plan. Malgré cela, elle accepte d'entraîner physiquement le cambrioleur tandis que Pym l'instruit sur les capacités du costume.
Hope Van Dyne, Scott Lang et Hank Pym
(Evangeline Lilly, Paul Rudd et Michael Douglas)

Pour commencer, Lang est envoyé au Q.G. des Avengers pour y  dérober un appareil. Sur place, il affronte avec succès le Faucon et rapporte le matériel convoité. Cette réussite apaise sa relation avec Hope et conforte Pym dans sa conviction d'avoir trouvé son remplaçant. Le savant en profite alors pour expliquer à sa fille dans quelles circonstances exactes sa mère est morte, lors d'une mission au cours de laquelle elle n'a pas suivi ses recommandations en se réduisant au niveau sub-atomique grâce au régulateur du costume - un risque que court aussi Lang. 
Hank Pym et Darren Cross
(Michael Douglas et Corey Stoll)

Cependant, Cross achève de perfectionner le "Yellowjacket" et organise une réception à l'attention de plusieurs commanditaires intéressés par son invention. Il invite Pym à participer à son sacre. Profitant de l'occasion, Lang s'infiltre, à la tête d'une armée de fourmis de diverses espèces, dans les laboratoires dirigés par Cross avec l'aide de Hope à l'intérieur et de Luis, Dave et Kurt à l'extérieur.
Ant-Man
(Paul Rudd)

Pym apprend par son ancien disciple qu'il a négocié un partenariat avec l'organisation terroriste Hydra tandis que Lang et ses fourmis (et l'aide de Luis, Dave et Kurt) sabotent les installations de Cross. Lorsqu'il est sur le point de s'emparer du "Yellowjacket", il est malgré tout capturé. 
Ant-Man

Pym se rebelle et il est blessé. Cross prend la fuite alors que le siège de sa compagnie est ravagé par les explosions provoquées par Lang. Mitchelle Carson, le représentant de l'Hydra, fuit de son côté avec un échantillon de la formule mise au point par Cross.
Yellowjacket
(Corey Stoll)

Scott poursuit Cross qui revêt alors le "Yellowjacket". Leur affrontement est disputé mais semble prendre fin dans le jardin des habitants d'un pavillon. Paxton, qui a suivi la bataille et ses acteurs, surgit alors pour arrêter Lang. Mais Cross en profite pour s'évader et se rendre chez la femme de Scott.

Scott parvient à fausser compagnie à Paxton pour aller sauver sa fille et son ex-femme de Cross, devenu fou à cause des imperfections de sa technologie. Pour le vaincre, il sabote le "Yellowjacket" en se réduisant au niveau sub-atomique, disparaissant alors du champ de la réalité connue. Mais, alors qu'il dérive dans ce no-man's land, Lang se ressaisit et trouve les ressources mentales pour réapparaître dans notre dimension. Paxton le laisse partir avant que ses collègues policiers ne l'embarquent.     

Alors qu'il débriefe les événements avec Scott, Pym entrevoit la possibilité que sa femme, Janet, ait pu survivre à sa disparition au niveau sub-atomique. Lang se voit ensuite proposé un nouveau coup par Luis mais comprend qu'en vérité, c'est le Faucon qui le recherche.

Durant le générique de fin, on assiste à deux scènes supplémentaires :

Pym présente à sa fille une nouvelle combinaison, inspirée par celle que portait Janet Van Dyne, et lui offre de devenir la nouvelle Guêpe.

- Ailleurs, plus tard, Sam Wilson (le Faucon) et Steve Rogers (Captain America) ont capturé Bucky Barnes (Winter Soldier, l'ex-partenaire de Cap). Wilson dit qu'il connait quelqu'un susceptible de les aider (Ant-Man) puisqu'ils ne peuvent faire appel à Iron Man à cause des "accords" (référence à l'intrigue de Captain America 3 : Civil War).

Le projet d'adapter les aventures de Ant-Man était dans les tuyaux depuis le début des années 80 : à l'époque, Stan Lee voulait porter cette histoire sur grand écran. Finalement, il aura fallu attendre 35 ans pour que cela voit le jour, après bien des péripéties.

Le film, tel qu'il existe aujourd'hui, est officiellement lancé en 2006 quand le réalisateur Edgar Wright fait part de son intérêt pour le personnage à la Convention de San Diego : il a l'ambition d'en tirer un long métrage qui mêlera action et comédie et utilisera deux des incarnations de Ant-Man dans les comics, Hank Pym et Scott Lang. Il est même alors question d'un récit sur deux niveaux, avec une partie se déroulant dans les années 60 (quand le héros a été créé) et une autre de nos jours, dans une relation digne de Machiavel !

C'est le début d'une longue suite de révisions du script commencé en 2007 et d'essais filmiques pour donner une vision convaincante des pouvoirs de ce héros. Marvel Studios a une attitude ambivalente vis-à-vis du projet : prêt à investir du temps et de l'argent, mais sans en faire une priorité (car Ant-Man n'a pas le même potentiel commercial que Iron Man, Captain America ou Thor, qui doivent aboutir à la concrétisation d'un film consacré aux Avengers). Mais l'enthousiasme d'Edgar Wright et sa bonne réputation auprès des fans maintiennent le projet à flots.

En 2010, une précision décisive va resituer le film : Ant-Man ne s'inscrira pas dans la chronologie des Avengers, il ne fera donc pas partie de l'équipe (du moins pas immédiatement). Entretemps, Wright se consacre à d'autres travaux, comme l'adaptation d'un autre comic-book : Scott Pilgrim, d'après Brian Lee O'Malley.

Deux ans plus tard, Kevin Feige, le directeur des productions cinéma de Marvel, annonce les dates de tournage du film. De nouveaux tests pour visualiser les pouvoirs de Ant-Man sont réalisés et convainquent tout le monde, les premières photos du héros en costume fuitent sur le Net. La sortie est prévue pour 2015. Les rumeurs sur le casting circulent.

Pour Wright, la référence est le premier film Iron Man, qui fonctionne sans avoir besoin de connaître les autres titres du "MCU". Le tournage peut commencer. Pourtant, après quelques semaines de prises de vue, un communiqué officiel, conjointement approuvé par Marvel Studios et Wright, établit que le réalisateur abandonne son poste pour "différends créatifs". Il sera remplacé par Peyton Reed, tandis que le script subit quelques corrections de la part d'Adam McKey et l'acteur principal Paul Rudd (principalement des additions de scène d'action).

Revenir sur la genèse mouvementée de Ant-Man permet de mieux en apprécier les qualités et défauts, mais aussi de comprendre comment fonctionne vraiment la production des films selon les studios Marvel : tout cela rappelle ce qui s'est déjà passé pour Thor 2 : Le monde des ténèbres, quand Julie Taymor a quitté l'aventure et été remplacée par Alan Taylor. Ce qu'il faut retenir ici, c'est que le cinéma selon Marvel est d'abord une affaire de producteurs, les cinéastes qui y participent sont d'abord des techniciens dociles, sans grande vision (il suffit, sans les mépriser, de citer Jon Favreau, Joe Johnston, les frères Russo, James Gunn, ou même Joss Whedon, Shane Black et Kenneth Branagh pour se rendre à l'évidence qu'il n'y a là personne au style aussi affirmé que de grands cinéastes contemporains américains).

Je me garderai bien de juger la qualité de cinéaste d'Edgar Wright, je n'ai vu qu'un seul de ses films (Scott Pilgrim, un objet curieux, à la fois tonique, inventif et décalé), ce qui est insuffisant pour savoir s'il avait vraiment la carrure pour une grosse production comme Ant-Man et assez de personnalité pour en faire un long métrage qui concilie l'efficacité d'un blockbuster estival et l'aptitude pour livrer une adaptation originale d'un film de super-héros. Il est pourtant évident qu'en revenant à Peyton Reed, le projet est passé d'une entreprise prometteuse à celle d'un produit formaté, dans la ligne de ce que Marvel fait distribuer par Disney.

C'est un film agréable, sympathique, d'abord parce qu'il remplit sa fonction première - divertir - et qu'il le fait avec une authentique humilité - ce qui change positivement après l'énorme machinerie Avengers 2. Ant-Man ne cherche jamais à paraître plus grand qu'il est, c'est le cas de le dire, mais cette modestie ne l'empêche pas d'être imaginatif et ludique.

D'avoir inscrit l'histoire dans le double registre du film de super-héros traditionnel, avec son lot de figures imposées (initiation, passage de relais, rédemption), et du film de braquage (le heist movie) est une riche idée qui renouvelle simplement et habilement les codes. Il ne s'agit pas seulement de raconter comment un homme devient un super-héros pour protéger la veuve et l'orphelin, sauver toute l'humanité ou se racheter, mais bien pour accomplir une mission malhonnête et néanmoins positive (empêcher un rival d'employer une trouvaille à des fins belliqueuses).

Tout cela, le scénario le relate très bien, avec quelques trouvailles narratives délicieuses (le fait que Pym choisisse et manipule son remplaçant, que sa fille jalouse l'élu de son père, qu'un repris de justice comme Lang devienne un gentil à la fois parce qu'il est piégé par Pym mais aussi parce qu'il a besoin d'un job et de voir sa fille). Il y a une dynamique de groupe dans cette histoire pourtant centrée sur un seul héros, avec le duo Pym-Lang ; le trio Hank-Scott-Hope ; le gang de bras cassés de Scott ; la relation entre Scott, sa femme, leur fille, le nouveau compagnon de sa femme.

Le script offre aussi une perspective nouvelle et favorablement étonnante au "MCU" avec son prologue situé en 1989 puis des allusions (qui seront ensuite avérées) de l'existence d'un premier Ant-Man. Du coup, le personnage est restauré adroitement comme un des piliers de cette continuité, comme dans les comics, à mi-chemin entre Captain America et Iron Man (on peut considérer la naissance de Thor comme antérieur à celle de Captain America étant donné ses origines divines). C'est très malin, tout le sont les scènes du générique de fin qui établissent déjà, de manière très vive et explicite, le futur de Ant-Man (avec une nouvelle Guêpe et la présence effective de Scott Lang dans le prochain film consacré à Captain America, qui, lui-même, s'annonce quasiment comme le troisième film des Avengers vu le récit qu'il cite - la saga Civil War, écrite par Mark Millar, même si elle sera très certainement modifiée).

Ant-Man est moins convaincant sur d'autres points, souvent déjà discutés dans de précédents adaptations de comics. Curieusement, alors qu'il prétendait être une comédie d'action, les scènes humoristiques sont peu drôles ou, en tout cas, les gags et les répliques à cet effet tombent souvent à plat. 

Seules deux séquences fonctionnent dans cette veine : quand Scott Lang s'entraîne chez Hank Pym (devant notamment passer par le trou d'une serrure ou communiquer avec les fourmis dans le jardin) et Ant-Man affronte Yellowjacket dans la chambre de Cassie Lang (tous deux à leur taille microscopique, ils se battent sur les jouets de l'enfant, en particulier sur un train électrique : une lutte délirante et déjà mémorable). Mais, donc, sinon c'est clairement moins drôle que ce que réussissait Les Gardiens de la Galaxie (parce que les personnages étaient dotés de caractères plus marqués).

Même si les producteurs de Marvel s'efforcent que chacun de leurs films restent accessibles, il est désormais indéniable qu'il existe un poids de la continuité, moindre que dans les comics certes, mais bien réel. Le spectateur qui découvrira le "MCU" avec Ant-Man sera décontenancé par la présence du Faucon (et la dernière scène du générique du fin) : Edgar Wright voulait, rappelons-le ici, faire en sorte que son projet soit auto-contenu, il n'est donc pas impossible que les "différends artistiques" évoqués lors de son départ aient porté sur les éléments qui ont finalement été importés des films précédents de Marvel Studios. Il est clair donc que, maintenant, chaque nouveau personnage adapté au cinéma par la major le sera pour être incorporé à ce qui existe déjà et exploité dans le futur à un ensemble partagé : si cela est bien développé par la production en explorant diverses facettes (les super-héros classique - Iron Man, Captain America, Hulk - , les dieux - Thor - , les extra-terrestres - les Gardiens de la Galaxie - , en attendant la magie - Dr Strange), c'est aussi la limite du procédé car aucun héros n'a une vie propre, indépendante (même en comptant les séries télé comme celles diffusées sur Netflix - Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage, bientôt Iron Fist, les Defenders).

Pour avoir vu récemment Scott Pilgrim d'Edgar Wright, je pense aussi que, visuellement, Ant-Man n'est qu'à la moitié de ce qu'on pouvait espérer car Peyton Reed l'a réalisé sans panache. Le résultat est classique, bien rythmé, mais sans éclat. Parfois pourtant, on devine, notamment par le biais du montage, des résidus de Wright, avec de brusques accélérations ou la tonalité très geek du premier tiers du film (Lang, Pym, Cross : tous évoluent dans un domaine techno-scientifique, et leur dimension héroïque est acquise grâce à leur intelligence plus qu'à leurs muscles).

Cet aspect bancal est encore plus prononcé dans ce qui est hélas ! un défaut récurrent à beaucoup de films de super-héros et qui concerne l'apparition du super-vilain du récit : bien entendu, l'adversaire est rapidement identifié, mais Yellowjacket entre franchement en action très, très tardivement (comme Iron Monger dans Iron Man 1). A vrai dire, le film aurait certainement fonctionné très bien sans cet ennemi puisque l'argument du cambriolage et du sabotage des laboratoires de Cross suffit amplement à tenir le spectateur en haleine. Même si la bagarre entre Ant-Man et Yellowjacket est efficace une fois située dans la chambre de Cassie Lang (avec donc la séquence sur le train électrique), elle ne dépasse jamais le stade du passage obligé, folklorique.

Et c'est sans compter sur un fait encore plus élémentaire mais régulièrement escamoté : le méchant est toujours prêt pour la baston sans même qu'on l'ait vu s'y entraîner. Ici, c'est encore plus risible puisque Cross n'a pu se préparer car la technologie du "Yellowjacket" ne fonctionne pas pendant les 3/4 du récit ! Qu'il soit donc pleinement capable d'être un bad guy aussi bien rodé que Scott Lang à la miniaturisation quand la situation est compromise relève d'un grossier miracle. Et puis il faut bien l'admettre, Darren Cross souffre d'un manque de charisme (à l'image de son interprète) très dommageable : jamais on ne croit à la menace qu'il est censé représenter sur un plan physique, ce n'est pas plus qu'un savant revanchard de mèche avec des terroristes (l'Hydra - autre élément incompréhensible pour le spectateur ignorant des précédents films Marvel) dont son ancien et vieux mentor n'a même pas peur (Pym est plus soucieux de qui pourra répliquer son invention et l'employer que de l'éventualité de voir son ex-disciple s'en servir lui-même).

Malheureusement aussi, la dimension familiale de l'histoire est un peu sacrifiée, faute de place (le film dure 1h55 pourtant, mais est déséquilibrée dans l'organisation de ses parties) : au début, la situation de Scott est traitée avec du potentiel puis vite remisée au profit de la relation entre Pym, sa fille et Lang (suggérant même, in fine, une romance naissante et maladroite entre les deux derniers). La jalousie de Hope envers Scott est mieux exploitée, donnant du ressort au thème de la succession, et le mystère entourant la mort (supposée) de Janet Van Dyne / la Guêpe est bien suggéré. Par contre, l'importance donnée au gang de losers complices de Scott alourdit parfois inutilement l'histoire (même si ça aurait pu être pire).

Le casting est très convaincant. Pour une fois, Marvel Studios a misé sur une distribution de comédiens confirmés : le choix de Paul Rudd et celui de Michael Douglas en témoignent.

Le premier est un pari étonnant puisqu'il vient de la comédie (Rudd fait partie des habitués des comédies bien grasses de Judd Appatow) et il livre une prestation sobre, très intelligente et crédible.
Michael Douglas est une très belle "prise" : avoir convaincu un acteur de ce calibre de participer à une production comme celle-ci lui donne un cachet très classe d'emblée. Douglas joue Pym avec une jubilation communicative mais sans cabotiner. Il réussit à voler la vedette à Rudd sans forcer.

J'étais, je dois le reconnaître, perplexe quand j'ai appris que Evangeline Lilly était de la partie - sans doute parce que j'avais du mal à l'imaginer autrement qu'en Kate Austen dans la série Lost, qu'elle a incarnée à la perfection. Au début, affreusement coiffée et habillée en caricature d'executive woman en délicatesse avec Papa, ce n'est pas gagné. Puis, plus le film avance, meilleure elle est - et il semble acquis qu'elle va devenir une des femmes importantes de la filmographie Marvel à l'avenir.

Corey Stoll est une déception : comme je l'explique plus haut, il n'arrive jamais à donner corps à son personnage, ne le rend jamais suffisamment menaçant, inquiétant pour qu'on le voit en adversaire sérieux pour Scott Lang, encore moins pour Hank Pym. Quand l'heure sera venue de concevoir une suite à Ant-Man, les scénaristes seront avisés de lui écrire un méchant plus corsé et les producteurs de confier le rôle à un comédien plus consistant.

Les seconds rôles sont globalement assez transparents, avec des interprètes peinant à exister - en dehors de Michael Peña (Luis) ou de la petite Abby Ryder Forston (Cassie). Les cameos tenus par Hayley Atwell (Peggy Carter) et surtout Anthony Mackie (le Faucon) sont par contre impeccables. Stan Lee a droit à une apparition très drôle (comme souvent).
    
Ant-Man a quelque chose de rafraîchissant : héros outsider, le film l'est aussi, et il est excellent quand il se concentre sur ses personnages centraux et ses références aux heist movies. Mais en renonçant à dépasser son rang de petit film avec son petit héros, souffrant aussi de faiblesses dramaturgiques, il manque d'intensité et de personnalité.
Le système Marvel au cinéma montre ses limites : en proposant du divertissement efficace mais très (trop ?) calibré, refusant de privilégier la vision des cinéastes au détriment de celle de ses producteurs, il ressemble finalement beaucoup (de plus en plus) à ce que les comics procurent - un sentiment de ronron, voire d'embourgeoisement.

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